Voir, c’est croire, dans l’entrepôt et au-delà

Ne manquez pas les dernières avancées en matière de gestion de la chaîne d’approvisionnement.

Une meilleure visibilité de la chaîne logistique favorise l’efficacité, et le déploiement de l’IA apparaît comme la dernière avancée majeure dans ce domaine. Mais cette révolution ne comporte-t-elle pas aussi le risque pour les entreprises de « se noyer dans un tsunami de données » ? Ruari McCallion a sollicité l’avis des experts.

(Résumé)

Les professionnels de l’entrepôt, de la manutention et de la logistique affirmeront que la chaîne d’approvisionnement n’est pas véritablement défaillante, mais qu’elle est loin d’être parfaitement organisée. Ils souligneront que les rachats, fusions, consolidations, ainsi que la tendance à se concentrer uniquement sur les tâches immédiates, ont abouti à un empilement de systèmes superposés. Ils ont constaté que certains fournisseurs s’appuyaient encore sur des feuilles de calcul, et que le recours à des solutions manuelles pour faire avancer les opérations était devenu monnaie courante.

« Un tel chaos n’est pas qu’une simple nuisance : il nuit au rendement, la traçabilité des marchandises, et au moral des troupes », déclare Francisco Gaffney, PDG de Trinity SES. « Les gestionnaires d’entrepôt sont confrontés chaque jour à ce désordre, ainsi qu’aux conséquences des délais non respectés, des livraisons partielles et du manque de visibilité des stocks. »

Francisco Gaffney, PDG de Trinity SES.

Marc Overton, directeur général de la zone Europe du Nord chez Dassault Systèmes, a déclaré : « Gérer une chaîne d’approvisionnement est un défi complexe, rendu encore plus ardu ces dernières années par la mondialisation, l’instabilité géopolitique, les progrès technologiques et l’évolution des attentes des consommateurs. »

L’inefficacité des systèmes mixtes

Les difficultés ne sont pas seulement théoriques, et rien ne justifie de les accepter sous prétexte que « c’est comme ça », comme le dit la chanson. Ces trente dernières années ont vu d’immenses progrès technologiques, sans lesquels nombre de services logistiques actuels seraient impensables. Mais ces avancées coexistent avec d’anciens systèmes manuels, tandis que les nouveaux semblent rarement tenir toutes leurs promesses.

La dernière promesse concerne l’IA – l’intelligence artificielle. Jusqu’à présent, il s’est révélé impossible pour de simples êtres humains de concevoir et de gérer une chaîne d’approvisionnement totalement transparente : débarrassée de tout excédent de stocks, mais capable d’assurer des livraisons fiables, complètes et ponctuelles vers la bonne destination – et cela, malgré la multitude de systèmes informatiques déjà en place. Ne serait-il pas temps de s’effacer et de laisser les machines communiquer entre elles pour remettre de l’ordre ? L’IA a accompli des avancées remarquables dans la conception et le développement de produits manufacturés. Pourra-t-elle aussi réduire le temps consacré à la résolution des problèmes ?

Marc Overton, directeur général de la zone Europe du Nord chez Dassault Systèmes.

Les travailleurs du secteur transport et logistique au Royaume-Uni perdent en moyenne 11 heures de productivité par semaine en raison de dysfonctionnements d’équipements.

L’IA : utile, certes, mais perfectible

« L’IA n’est pas une solution miracle, mais elle peut jouer un rôle crucial pour atténuer cette complexité et relever efficacement les défis posés actuellement par la gestion de la chaîne d’approvisionnement », a déclaré Marc Overton. Il reconnaît que les technologies pilotées ou augmentées par l’IA, telles que la maintenance prédictive, la prévision de la demande, le contrôle qualité, l’automatisation et l’optimisation de l’approvisionnement, peuvent aider les entreprises à réduire les temps d’arrêt, à accroître leur réactivité, à mieux gérer les stocks et à rester compétitives. Toutefois, elles demeurent imparfaites.

« L’IA reste insuffisante sur deux points essentiels. En premier lieu, il n’est pas toujours évident pour les utilisateurs de comprendre et d’interpréter les données qu’elle produit. Ensuite, il peut s’avérer difficile de prendre des mesures concrètes sur la base de ces informations. »

Éliminer le temps perdu

Faki Saadi, directeur pour le Royaume-Uni et l’Irlande chez SOTI – leader reconnu en « solutions de mobilité stratégiques d’entreprise » (technologies de gestion des appareils mobiles, tels que les terminaux portables) – affirme qu’une gestion efficace des appareils est un facteur essentiel, mais souvent négligé.

« Ces outils constituent l’épine dorsale du suivi des mouvements de stocks et du bon déroulement des opérations. Mais quand ils ne fonctionnent pas comme il se doit, les effets négatifs sont considérables. Selon une étude récente menée par SOTI, les travailleurs du secteur transport et logistique au Royaume-Uni perdent en moyenne 11 heures de productivité par semaine en raison de dysfonctionnements d’équipements. »

Ces pertes de temps ne ralentissent pas seulement les processus, elles compromettent directement la transparence que les entreprises s’efforcent d’atteindre. On comprend aisément pourquoi les appareils mobiles utilisés en gestion d’entrepôt doivent être conçus pour résister aux chocs. Il ne s’agit pas seulement de chutes accidentelles ; la tentation de jeter un appareil qui ne fonctionne pas, encore une fois, peut être irrésistible – et les petites structures, habituées à ce type de mésaventures, peuvent facilement céder à la frustration vis-à-vis de la technologie.

La gestion efficace des appareils est un facteur essentiel, mais souvent négligé. Image : SOTI

Pas à pas

« Pour les petites entreprises, la perspective d’adopter de nouvelles technologies peut paraître intimidante, en particulier lorsque les budgets sont serrés, mais l’important est de commencer modestement et de monter en puissance progressivement », a déclaré Faki Saadi. « Plutôt que de réorganiser complètement leurs systèmes, les entreprises gagneraient à identifier les points de friction précis et à se concentrer sur des initiatives à faible impact mais à forte valeur ajoutée, comme la numérisation des tâches manuelles ou la mise en place de flux de travail mobiles. » Ces initiatives permettront d’obtenir des résultats rapides tout en posant les bases de réussites futures dans le déploiement technologique.

Selon Francisco Gaffney : « Investir dans de meilleurs systèmes n’est pas seulement une question de performance, c’est avant tout une question de maîtrise. Lorsque l’on sait où se trouvent les matériaux, qui les a manipulés et quelle est la prochaine étape, on réduit simultanément les erreurs, les coûts et les risques. »

Lorsqu’il s’agit d’adopter une nouvelle technologie, il convient de commencer modestement et de monter en puissance progressivement. Image : SOTI

Combinaisons gagnantes

« Une combinaison d’optimisation assistée par l’IA, d’apprentissage automatique et de technologies de jumeau virtuel peut aider les entreprises à relever ces défis », déclare Marc Overton. « Cela permet aux utilisateurs de mieux comprendre les informations générées par l’IA, de prendre des décisions éclairées et d’optimiser la production. » L’offre de Dassault Systèmes repose sur sa suite DELMIA, conçue pour intégrer les opérations tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

« Investir dans de meilleurs systèmes n’est pas seulement une question de performance, c’est avant tout une question de maîtrise. »

Francisco Gaffney.

« Bien que l’IA à elle seule ne constitue pas une solution miracle, la combinaison stratégique de l’IA, de l’apprentissage automatique et de jumeaux virtuels – illustrée par la suite DELMIA de Dassault Systèmes – a déjà commencé à offrir un réel potentiel de transformation, permettant de rendre les chaînes logistiques chaotiques plus réactives, rationalisées et synchronisées sur l’ensemble du réseau. » Dassault affirme avoir observé des réductions concrètes pouvant atteindre 50 % des arriérés de commandes, ainsi que des diminutions significatives des coûts de stockage, tout en renforçant l’agilité et la résilience du réseau logistique.

Marc Overton décrit le rôle de l’IA dans la planification de la chaîne d’approvisionnement comme « l’optimisation mathématique des variables pour améliorer la maintenance prédictive, l’efficacité de la production et l’optimisation globale de la chaîne d’approvisionnement ». La gestion des flux de marchandises n’est pas l’unique enjeu. L’IA affine les attributs complexes de la chaîne d’approvisionnement afin d’améliorer l’efficacité, mais elle joue également un rôle crucial dans la prévision des besoins de maintenance des machines ou des équipements.

Une meilleure visibilité

L’IA joue un rôle essentiel pour permettre la création de « jumeaux numériques » des chaînes d’approvisionnement et pour aider les entreprises à modéliser et optimiser leurs opérations logistiques en temps réel. Le jumelage numérique leur permet de tester différents scénarios, de repérer les points faibles et de prendre des décisions concrètes fondées sur les données. Dans le cadre de la gestion d’entrepôt, la technologie de jumeau virtuel permet de transformer la visibilité en temps réel et les analyses historiques en performances à l’échelle de plusieurs sites.

« L’analyse prédictive est essentielle pour anticiper et résoudre les problèmes de la chaîne d’approvisionnement en temps réel et garantir sa durabilité », a déclaré Marc Overton. L’IA n’est pas une solution miracle qui transformera la logistique du jour au lendemain, mais c’est un outil précieux et, de plus en plus, indispensable – lorsqu’elle est utilisée au bon endroit et dans les bonnes conditions. Comme pour beaucoup de technologies, il faut tout d’abord poser les bonnes bases avant de pouvoir construire.

Les chaînes d’approvisionnement ne sont peut-être pas totalement chaotiques, mais le chaos se manifeste particulièrement lors de changements imprévus, comme des pics de demande, des pénuries de main-d’œuvre ou des retards de transport.

Trek, un détaillant mondial de vélos, était confronté à trois défis majeurs : les dépannages liés aux appareils, assurer leur sécurité, et obtenir des informations sur son parc d’appareils robustes, comme l’autonomie des batteries et la localisation des appareils. Grâce à l’assistance à distance de SOTI, Trek a pu profiter d’une supervision complète de son matériel, permettant l’accès à distance, l’identification instantanée des problèmes, et même, dans certains cas, leur prévention complète. Cela a permis à Trek de réduire le temps consacré à la résolution des problèmes de plusieurs heures à quelques minutes, et à ses centres de distribution d’expédier les commandes le jour même et de satisfaire les clients.

L’objectif est une visibilité de bout en bout – de l’usine ou de l’entrepôt jusqu’au consommateur.

IPP Pooling, le pooler européen de palettes, combine la solution logistique la plus ancienne – la palette en bois – avec la technologie IoT, dans le but de créer une chaîne d’approvisionnement entièrement numérique. IPP équipe ses articles de transport consignés (ATC) de traceurs IoT actifs, offrant un suivi et une traçabilité complets de ses actifs, tout en consolidant sa place parmi les 9 % d’entreprises dans le monde à fonctionner selon le modèle de l’économie circulaire.

IPP propose une large gamme de palettes et de caisses classiques afin de répondre aux besoins variés de ses clients dans les secteurs du commerce de détail, de la fabrication et de l’industrie.

L’efficacité de son pool de palettes dépend de la relation triangulaire entre la taille du pool, le temps de séjour et le transport. IPP avait remarqué que beaucoup de clients possèdent un surplus d’articles de transport consignés en stock, entraînant une sous-utilisation des actifs. La mise en place d’une infrastructure numérique permettant le suivi et la traçabilité en temps réel des mouvements de palettes contribuera à résoudre ce problème.

Résumé

Une visibilité de bout en bout est essentielle à l’efficacité des chaînes d’approvisionnement. Mais comment y parvenir concrètement ? Notre article a pour objectif de clarifier ce sujet particulièrement complexe. S’appuyant sur les conseils d’experts du secteur, il examine comment les entreprises – grandes ou petites – peuvent adopter progressivement les dernières technologies en matière de chaîne d’approvisionnement.

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