Changement de donne ?

Alors que la progression du RFID semblait s’être arrêtée brusquement, l’Américain NFL vient de changer la donne.

Ruari McCallion vérifi e les règles du jeu.

La collision de deux hommes de plus de 100 kg, vêtus d’un casque et d’une armure, est impressionnante pour les yeux comme pour les oreilles. Cet impact massif paraît si violent, presque fatal, qu’il est étonnant de voir les combattants se relever sans aide – au lieu d’être emmenés en ambulance – et recommencer quelques minutes plus tard. Ces contacts physiques font partie intégrante du football américain et, à partir de septembre 2014, ils fourniront des informations précieuses pour les professionnels de la manutention.

Depuis le début de la saison 2014, la NFL (National Football League, organisme responsable du football américain) a autorisé l’utilisation de puces RFID, qui seront placées dans les épaulettes des joueurs. Ces puces sont de type « actif », ce qui signifi e qu’elles diffusent des informations vers un réseau de 20 récepteurs, qui ont été installés dans 17 stades répartis dans tous les États-Unis. Elles seront utilisées pendant les matches du jeudi soir.

Une nouvelle page dans les règles du jeu

Ces puces permettront de connaître la position des joueurs, leur vitesse et leur distance, créeront une nouvelle catégorie de statistiques à suivre, que les commentateurs pourront analyser – même s’ils ne manquaient pas d’informations. Les téléspectateurs pourront se joindre à eux, car les données seront affi chées à l’écran. Mais quel est l’intérêt de ces informations pour les professionnels de la manutention ?

Comme indiqué au début de cet article, les joueurs de football américain foncent l’un sur l’autre avec une force à se rompre les os. De plus, ils courent et accélèrent à des vitesses phénoménales. La vitesse est l’un des facteurs à prendre en compte. La dernière fois qu’eureka s’est intéressé aux puces RFID, il y a 3 ans, un handicap majeur gênait son adoption généralisée : les récepteurs ne pouvaient pas suivre avec fi abilité des puces qui se déplaçaient à 16 km/h et plus. C’est une vitesse supérieure à celle de la marche, mais un peu plus lente que la vitesse de fonctionnement normale d’un chariot élévateur, et certainement pas aussi rapide que celle de certains tapis roulants.

Plus rapides et plus fortes

Cependant les footballers américains atteignent régulièrement des vitesses approchant les 30 km/h. Ils ne peuvent pas conserver cette allure longtemps mais les puces RFID doivent pouvoir être utilisées sur le terrain et transmettre les données prévues et elles doivent suivre les joueurs de manière fi able. Les puces elles-mêmes doivent être robustes, afi n de survivre aux impacts et aux chutes qui forment une partie essentielle du football américain. C’est un véritable défi pour l’équipement et la technologie de Zebra Technologies. Witold Bahr, assistant de recherche à l’École d’ingénierie et de sciences appliquées d’Aston University, dans la ville anglaise de Birmingham, qui travaille dans le domaine du RFID depuis plusieurs années, s’est intéressé à ce projet :

« Ces étiquettes sont du type "actif", ce qui signifi e qu'elles diffusent activement des informations vers un réseau de 20 récepteurs. »

« Les puces font à peu près 3 cm de large et fonctionnent avec des piles similaires à celles des montres. Zebra annonce un haut niveau de précision, à 30 cm près, mais qui pourrait être de seulement 10 cm grâce à des formules mathématiques spécifi ques. C’est une application passionnante. » Pourtant, il ne s’agit pas d’une percée récente.

Évolution et progressivité

« Cela ne constitue pas un progrès en tant que tel, car cela consiste à appliquer une technologie existante dans un nouveau domaine, » poursuit-il. Et le problème du mouvement semble avoir été entièrement surmonté. « Le secret, c’est l’utilisation de puces RFID actives qui peuvent suivre des vitesses supérieures. Avec la puissance de la pile, elles peuvent émettre un signal fort sur de grandes distances. Concernant les applications RFID pour la manutention, mêmes les technologies moins évoluées s’améliorent en termes d’application pratique :

« La performance des puces RFID passives à vitesse plus lente s’améliore, poursuit Witold Bahr. Elles doivent cependant être utilisées dans certaines conditions pour fonctionner de manière optimale. Elles doivent avoir une bonne orientation, sans aucune interférence de métaux ou de liquides – bien que même ces problèmes puissent atténués par l’utilisation d’une antenne plus large. De plus, les puces doivent se trouver à portée des lecteurs. » Tous ces points paraissent évidents, mais il faut aussi souligner l’importance de la planifi cation et des conseils d’un expert, de la part des fournisseurs eux-mêmes ou des groupes de recherche tels que l’École d’ingénierie et de sciences appliquées.

Bien qu’il n’y ait pas eu de grands bouleversements méritant les grands titres des journaux, durant les dernières années, on a assisté à quelques évolutions de la technologie RFID et à une meilleure connaissance et mise en oeuvre des projets, notamment dans la vente au détail et dans la restauration. Le RFID a des caractéristiques qui pourraient être particulièrement utiles pour contrôler les vêtements de luxe et améliorer le suivi des aliments vendus au détail.

« Nous constatons une utilisation accrue du RFID pour améliorer la précision du contrôle du stock, le réapprovisionnement et la disponibilité. »

Plus clair, plus précis

« Nous constatons une utilisation accrue du RFID pour améliorer la précision du contrôle du stock, le réapprovisionnement et la disponibilité, assure Witold Bahr. Patrizia Pepe, la célèbre maison de mode italienne, a plus que doublé la quantité de produits que chaque centre de distribution peut gérer. Le distributeur autrichien Charles Vögele peut suivre ses marchandises de leur départ d’Asie jusqu’à ses magasins situés en Europe. Gerry Weber, fabricant allemand de vêtements pour femmes, utilise le RFID pour réduire le vol et améliorer la visibilité du stock. Nous voyons des applications dans les secteurs médicaux, manufacturiers, aérospatial, et bien d’autres. Les supermarchés européens Aldi et Lidl utilisent cette technologie pour le suivi des aliments tels que les blancs de poulet. » Cela tombe bien, étant donné les inquiétudes récentes sur la composition réelle des viandes transformées telles que les steaks hachés. Alors, quel est le rapport entre un footballer américain de 100 kg, un chargement de vêtements pour femmes et un kilo de viande hachée ? Les puces RFID. Évidemment.

Avec nos remerciements à Witold Bahr, Université d’Aston, Birmingham.