Technologie

Automatisation des entrepôts – étude des choix

Par Gian Schiava

Mars 2013

L’entrepôt du futur sera-t-il entièrement automatisé ?

Lors de récents salons sur la manutention, tels que Logistica (Pays-Bas) et Manutention (France), le nombre de fournisseurs proposant des solutions d’entrepôt automatisé a considérablement augmenté. L’entrepôt de l’avenir deviendra-t-il un bâtiment high tech, avec presqu’aucun homme pour y travailler ?

Gian Schiava explore les avantages et les inconvénients de l’automatisation des entrepôts.

 

Commençons par examiner la façon dont les marchandises sont déplacées dans l’entrepôt et définissons ce que nous appelons l’automatisation d’entrepôt. Quand les opérateurs d’entrepôt se déplacent physiquement jusqu’à l’emplacement des marchandises, nous appelons ce déplacement « homme vers marchandises ». Bien que cette opération puisse être faite en utilisant des matériels specialisés tels que les chariots tri-directionnels, associés à la lecture de codesbarres, nous ne considérons pas cela comme de l’automatisation d’entrepôt. Cependant, quand ces systèmes servent à apporter les « marchandises vers homme », nous franchissons une frontière. Celle de l’automatisation. Il existe sur le marché de nombreuses solutions pour y parvenir, telles que les mini-transtockeurs, les carrousels horizontaux ou verticaux, les systèmes de navette, les systèmes de tri et bien plus encore. Dans la plupart des cas, ces systèmes sont associés à des tapis roulants, afin de réduire encore la nécessité des interventions humaines.

La deuxième chose à garder à l’esprit est que de nombreuses entreprises n’automatisent pas entièrement leurs opérations de logistique. Certaines automatisent seulement quelques entrepôts ou, éventuellement, seulement le stock à forte rotation. Ainsi, en Europe, il n’est pas rare d’observer un mélange de préparation de commandes très évolué associé à des rayonnages de palettes conventionnels.

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Image avec l’autorisation de Rocla Oy

Quand faut-il automatiser ?

Voyons les raisons pour lesquelles une entreprise pourrait envisager d’automatiser l’entrepôt. Le facteur principal est probablement le coût toujours croissant de la main-d’oeuvre.

En raison de la crise financière, les salaires grimpent vertigineusement, mais c’est peutêtre temporaire. Autre facteur à long terme, la population de la plupart des pays européens va vieillir et la main-d’oeuvre risque d’être beaucoup moins nombreuse. Quel que soit le problème, l’automatisation peut y répondre.

« En Europe, il n’est pas rare d’observer un mélange de préparation de commandes très évolué associé à des rayonnages de palettes conventionnels. »

L’espace aussi pose un problème important. L’entrepôt automatisé ne nécessite pas de larges allées pour laisser passer les chariots et récupérer les marchandises. Un couloir étroit suffit pour le passage d’une navette ou d’une grue, qui, par ailleurs, fonctionnent à des hauteurs supérieures à celles des chariots. Ainsi, en diminuant la largeur des allées et en augmentant la hauteur des rayonnages, on peut stocker davantage de marchandises dans les entrepôts automatisés. En pratique, cela signifie que l’opération entière peut fonctionner très efficacement dans un espace plus petit et moins coûteux.Et si les besoins en stockage augmentent, l’automatisation peut rendre inutile l’agrandissement de l’entrepôt ou le déménagement vers des locaux plus spacieux.

Ensuite, l’erreur est humaine. Dans un entrepôt manuel, les erreurs sont inévitables. Bien que nous vérifiions la précision avec des techniques telles que la lecture de codes-barres et la reconnaissance vocale, le préparateur de commandes humain peut quand même faire une erreur. Les machines, non. Elles font exactement ce qu’on leur dit, chaque fois.

“- to err is human. In a manual warehouse errors are unavoidable. Although we check accuracy with techniques such as barcode scanning or voice recognition, the human order picker can still make an error. Machines do not.”

Par conséquent, l’automatisation mène non seulement à moins d’erreurs de préparation de commande, mais aussi à une plus grande satisfaction client et à des coûts diminués. La dernière raison majeure pour laquelle on peut choisir d’automatiser est pour augmenter la productivité, notamment parce que les clients passent leurs commandes de plus en plus tard. Autrefois, un arrêt de prise de commandes à 14h était considéré comme normal, mais de nos jours, des commandes sont encore acceptées à 18h, voire à 20h. Et l’e-commerce ne fait que renforcer cette tendance. Plus les arrêts de prise de commande sont tardifs, plus le délai de livraison à partir de l’entrepôt est court. Si, à un moment, il ne reste que quelques heures pour préparer des centaines de commandes, un minimum d’automatisation est presque inévitable.

Il existe de nombreuses raisons secondaires et moins urgentes d’automatiser, par exemple pour réduire la consommation globale d’énergie. Par ailleurs, le fait que les systèmes automatisés soient de plus en plus abordables les rend encore plus attrayants.

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Image courtesy of Rocla Oy

Mais ce n’est pas aussi simple que ça !

Si les raisons d’automatiser les entrepôts sont si claires, pourquoi de nombreuses entreprises conservent-elles des opérations conventionnelles ?
Tout d’abord, l’automatisation des entrepôts nécessite encore de sérieux investissements, avec une longue période d’amortissement. Par ces temps difficiles sur le plan économique, beaucoup d’entreprises ont simplement du mal à survivre et les prêts sont difficiles à obtenir. En général, pour les systèmes automatisés, les périodes d’amortissement sont de quatre à cinq ans. Alors, dans le doute, faites au moins un calcul de retour sur investissement avant de vous lancer dans un tel investissement.

« l’automatisation des entrepôts nécessite encore de sérieux investissements, avec une longue période d’amortissement. »

La deuxième crainte est liée au fait que les systèmes automatisés peuvent être moins flexibles, ajoutant ainsi une contrainte supplémentaire. La demande étant difficile à prédire, on ne veut pas construire un entrepôt à 10 millions d’euros pour s’apercevoir que, en raison d’une diminution des ventes, on dispose d’une capacité bien supérieure aux besoins. Les gros projets d’automatisation sont probablement plus sensés pour les entreprises de distribution en expansion ou capables de prédire la demande avec précision. Avec les entrepôts manuels, il n’est pas très difficile ni onéreux de déplacer des rayonnages, de modifier les flux dans l’entrepôt ni d’introduire d’autres changements. Dans les entrepôts ayant des systèmes étendus ou des kilomètres de tapis roulants, ces types de changement sont souvent difficiles et onéreux.

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Source: Rocla Oy

Il existe une alternative

Les avantages et inconvénients cités ci-dessus ne sont pas systématiques. Ce qui peut être un gros problème pour une entreprise peut être sans importance pour une autre. « Automatiser ou ne pas automatiser ?», là n’est pas la seule question. Les gestionnaires de logistique à travers l’Europe ont une tâche très difficile : limiter les coûts tout en essayant d’augmenter la performance. Et cela ne va probablement pas changer au cours des prochaines années.

Et si la réalisation d’investissements n’est pas envisageable, il est souhaitable de mieux étudier l’entrepôt, pour savoir si des goulets d’étranglement pourraient être éliminés et si la productivité pourrait être améliorée.

« Les gestionnaires de logistique à travers l’Europe ont une tâche très difficile : limiter les coûts tout en essayant d’augmenter la performance.»

Les entreprises évoluant constamment, pourquoi leurs entrepôts devraient-ils rester identiques d’année en année ? Examinons de près les rayonnages pour palettes. Peut-on diminuer la largeur des allées et travailler avec des chariots élévateurs afin d’augmenter la capacité en stockage ? Les chariots transportent-ils des marchandises à l’aller et au retour ou bien marchent-ils à vide la moitié du temps ? La largeur et la direction de vos allées sont-elles adaptées à la situation ? Vous seriez peut-être surpris par les gains de productivité possibles en étudiant la question attentivement.

Les entrepôts du XXIe siècle

  • Aujourd’hui, demain, voire au-delà, nous verrons des entrepôts de toutes les sortes.
  • Automatisés, semi-automatisés ou entièrement manuels, ils présentent tous des difficultés et des possibilités d’amélioration. Un certain niveau d’automatisation d’entrepôt ne doit jamais devenir une fin en soi. Ce sont les objectifs de l’entreprise, à court et à long terme, qui doivent guider les évolutions.

AGV (Source: Rocla Oy)

  • Les systèmes de transport automatisés (AGV) fonctionnent bien dans les applications avec 2 ou 3 équipes, réduisant ainsi la période d’amortissement.
  • Les AGV sont fiables. Ils font leur travail. Toujours.
  • La traçabilité des palettes offre un gros avantage, notamment dans l’industrie de l’agroalimentaire.
  • Les AGV réduisent les dommages infligés aux marchandises et aux bâtiments.
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