Ergonomie : une meilleure conception pour un personnel en meilleure forme

Pour fonctionner efficacement, un entrepôt efficace a besoin de caristes bien formés et en pleine forme.

Gay Sutton examine les problèmes ergonomiques dus à ce travail et certaines mesures essentielles que les entreprises prennent pour protéger leurs précieux caristes.

Si vous examinez un entrepôt ou une zone d’expédition où l’activité est intense, vous y trouverez des caristes qui travaillent sous pression. Les ralentisseurs constituent un cauchemar pour les chariots élévateurs.

C’est un travail très technique, qui peut exercer diverses tensions physiques, étirements, torsions, aussi bien que des vibrations et des secousses sur des surfaces inégales. Si l’on n’y prend garde, les tensions musculo-squelettiques peuvent aboutir à des accidents de travail graves.

Et quand un cariste s’absente pour raison de maladie ou de blessure, la productivité diminue, la pression augmente sur ses collègues, créant un cercle vicieux susceptible d’affecter la rentabilité. Les fabricants de chariots élévateurs ont consacré des efforts considérables, ces dernières années, à améliorer l’ergonomie des chariots élévateurs, en repoussant sans cesse les limites. Par exemple, le préparateur de commandes grande hauteur Cat® a récemment été récompensé par le prix d’ergonomie de la Forklift Truck Association (FLTA) pour son mécanisme de contrôle de balancement actif.

Cependant, la conception du chariot est seulement l’un des outils permettant de prendre mieux soin du cariste. L’identification et le traitement des causes du problème produiront des résultats à long terme. Et certaines de ces causes sont faciles à trouver. Par exemple, les vibrations et les secousses sur le corps peuvent produire des troubles musculosquelettiques et des douleurs invalidantes. Les accélérations soudaines et les freinages brusques peuvent entraîner des traumatismes cervicaux, tandis que les températures froides aggravent le raidissement des muscles et des articulations. Les sols anciens comportant des sillons sont faciles à identifier et à réparer. « Les ralentisseurs aussi représentent un cauchemar pour les chariots élévateurs, qui ne sont pas conçus pour cela, » avertit David Ellison, PDG de la FLTA.

Une inspection soigneuse de l’entrepôt avec les caristes peut permettre d’identifier d’autres problèmes susceptibles d’accentuer les gênes physiques, et les caristes ont un rôle essentiel à jouer. Si les rampes entre les baies de chargement et les remorques ne s’ajustent pas correctement, par exemple, il y a des risques de secousses importantes sur le chariot élévateur et le cariste peut être obligé de donner une forte accélération pour monter la rampe, avant de donner un grand coup de frein.

« ...les vibrations et les secousses sur le corps peuvent produire des troubles musculo-squelettiques et des douleurs invalidantes. »

« Nous observons un taux élevé d’affaissement du sol des remorques, explique Melissa Sweeney, conseillère en ergonomie et kinésithérapie au service de médecine du travail de l’EEF, notamment si les vérifications habituelles ne sont pas réalisées correctement en raison de l’urgence d’atteindre les KPI ciblés. »

Le tout dernier chariot à poste de conduite élevable Cat® a récemment reçule prix d’ergonomie de la Forklift Truck Association

Tous ces problèmes peuvent être résolus rapidement par un système de rapport efficace, qui permet aux caristes de s’adresser directement au service hygiène, santé et sécurité si les dangers ne sont pas traités en raison des contraintes de temps sur le lieu de travail. De nombreux outils et gadgets peuvent être adaptés sur le chariot, les rayonnages ou l’entrepôt, afin de réduire la nécessité de se tordre de façon constante ou extrême, de se tourner, de tendre le cou et de freiner brusquement. Par exemple, les rétroviseurs et les caméras de télésurveillance peuvent permettre une bonne visibilité générale de la zone de travail, tandis que des capteurs peuvent être montés sur le chariot ou les rayonnages pour placer les fourches exactement à la bonne hauteur, sans avoir à tendre le cou à l’extrême. Les systèmes à prise bilatérale, même s’ils sont chers à installer, sont beaucoup plus sûrs sur le plan ergonomique et peuvent augmenter l’efficacité des opérations.

« Cependant, avertit Melissa Sweeney, soulignant une autre cause sérieuse des troubles musculosquelettiques, je vous conseille d’être vigilant en réduisant les niveaux de mouvement sur le lieu de travail. » Les postures statiques permanentes posent un grave risque de santé, problème reconnu depuis longtemps chez les employés de bureau. Pour les caristes confinés aux commandes de leur chariot, avec peu de mouvement, voire aucun, la solution est identique. Ils doivent faire de petites pauses, sortir de leur chariot et s’étirer de manière appropriée.

« Les caristes doivent apprendre à faire des petites pauses, à sortir de leur chariot et à s’étirer
correctement. »

« Il ne faut pas que le surveillant dise “Oh, retourne dans ton chariot ! Qu’est-ce que tu fabriques ?” poursuit Melissa Sweeney. Il est vital d’avoir un accord à tous les niveaux de la hiérarchie, qui s’appuie sur une bonne communication à travers l’organisation, pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. »

Dans de nombreux grands entrepôts, des systèmes sont mis en place pour surveiller et gérer activement les troubles musculo-squelettiques, en conjonction avec les experts en médecine du travail et en ergonomie. Melissa Sweeney est une kinésithérapeute travaillant avec BLG Logistics, qui propose des services d’entreposage et de distribution, entre autres à IKEA. L’un des facteursclés de la médecine du travail est de motiver la main-d’oeuvre et de communiquer.

« BLG prévoit un solide briefing lors des changements d’équipe, pour tout le personnel, afin de le mettre au courant du déroulement de la matinée et de le préparer au service de l’aprèsmidi. De plus, nous avons introduit un nouveau concept : les champions de la manutention et de la conduite. C’est plutôt motivant, ajoute-t-elle. Nous avons formé un noyau de caristes enthousiastes. Désormais, quand ils voient un collègue sortir de son chariot en sautant au lieu de descendre les marches, ou conduire trop vite sur un sol inégal, ils peuvent lui faire part de leurs connaissances. Ils ne font pas la police et ne rapportent pas les mauvais comportements, c’est purement un mécanisme de formation. »

Les employés de tous les niveaux hiérarchiques sont informés sur les bonnes postures et les bons comportements. Mais il est essentiel que les encadrants, en particulier, comprennent que la productivité est nettement améliorée lorsqu’ils traitent ces problèmes au lieu de les ignorer. C’est ensuite une question de bonne maîtrise des personnes : « Apprendre à mieux gérer votre équipe, » dit-elle. Par exemple, l’employé « modèle » qui travaille plus dur et plus vite que tous les autres court beaucoup plus de risques de se blesser. Il faut donc inciter toute l’équipe à transporter des charges plus régulières, à réduire le stress des conflits et à encourager les attitudes positives.

« ...Mais il est essentiel que les encadrants, en particulier, comprennent que la productivité est nettement améliorée lorsqu’ils traitent ces problèmes au lieu de les ignorer. »

Les centres de distribution sont connus pour leur variété de troubles musculo-squelettiques, qui n’ont pas tous une cause purement physique. Certains employés, qui apprécient beaucoup de travailler en équipe, n’aiment pas travailler seuls. À monter et descendre d’une remorque toute la journée, de petits symptômes peuvent s’aggraver. « Une solution bon marché consiste à examiner la façon dont le travail est organisé et à encourager le travail d’équipe, dans la mesure du possible, poursuit Melissa Sweeney. Si les employés doivent travailler à distance les uns des autres, il pourrait être préférable de leur proposer une rotation des tâches, pour qu’ils ne s’ennuient pas. Avant tout, veillez à ce que la communication soit bonne en permanence. »

Une approche systématique, gérée en conjonction avec des experts de la médecine du travail, est la meilleure option possible pour un grand entrepôt, tandis que les petits entrepôts peuvent se contenter de suivre des conseils appropriés, le cas échéant. « En effet, il est peu vraisemblable qu’un petit entrepôt ait un chariot opérant toute la journée, si bien que les problèmes d’ergonomie ne seront pas aussi prononcés, » explique David Ellison. Il donne un dernier conseil pour les petites entreprises : « Procurez-vous le bon chariot pour ce que vous voulez faire et, si un seul chariot ne peut pas traiter toutes les tâches dont vous avez besoin, envisagez d’investir dans deux chariots.

Si vous faites des compromis tout le temps, le cariste sera constamment obligé de tendre le cou, de regarder par-dessus son épaule et d’adopter des positions désagréables, ce qui finira par laisser des traces. »