Manager pour réussir

Le rôle de la direction dans la sécurité de la manutention

Bien qu’il semble essentiel que les caristes suivent une formation adéquate et pertinente concernant la sécurité au travail, les surveillants et les cadres intermédiaires ont un rôle crucial à jouer dans le maintien de la sécurité au travail. Gay Sutton parle à Stuart Taylor, directeur général de Mentor Forklift Training, afin d’aller au cœur des choses.

Mentor nous a donné la liste des causes les plus courantes d’accidents ou d’incidents associés aux chariots élévateurs, ainsi qu’une liste de mesures que les responsables et les surveillants peuvent prendre pour les empêcher.

Approfondissons ces causes >>>

L’indulgence

C’est l’un des principaux problèmes quel que soit le domaine d’activité. Elle peut être particulièrement dangereuse dans l’environnement  des chariots élévateurs en raison de la nature souvent répétitive des tâches. Les comportements à risque qui ne sont pas remis en question ou qui n’ont pas encore provoqué de problème peuvent facilement devenir la norme.

« L’indulgence est caractéristique de toutes les personnes et de tous les environnements, explique Stuart. Une fois qu’on l’a compris et accepté, on peut commencer à s’en occuper. Et cela nécessite un effort continu, et non pas une campagne ponctuelle. »

Surveillance et bonne gestion

Il incombe aux responsables et aux surveillants de réaliser une surveillance adéquate. Dans un environnement de chariots élévateurs, cela nécessite :

• Effectuer des observations efficaces et savoir ce qu’il faut chercher
• Être capable de communiquer efficacement avec les caristes et les responsables directs
• Identifier les pratiques et les comportements à risque
• Maintenir et promouvoir des normes de santé et de sécurité

Pour le faire efficacement, les responsables et les surveillants n’ont pas besoin d’avoir eux-mêmes une formation de cariste, mais ils doivent pouvoir distinguer les pratiques sûres des pratiques à risque. « L’un des problèmes, c’est que cela ne relève pas toujours du simple bon sens. Par exemple, il est évident qu’il ne faut pas faire de virage avec une charge en hauteur, car cela affecte la stabilité du chariot élévateur. Mais, si on ne comprend pas le fonctionnement des chariots élévateurs, on peut penser que c’est tout à fait normal. »

Il existe des formations spécialisées qui enseignent les règles  de base et les principes-clés aux responsables, notamment la stabilité, les utilisations sûres et à risque, ainsi que les conséquences des accidents.

Les responsables doivent communiquer régulièrement avec le personnel, afin de rappeler les process et les politiques de l’entreprise, ce qui doit être basé sur une évaluation efficace des risques, en veillant à ce que chacun sache ce qu’il fait. « Parlez à votre personnel. Même les détails peuvent avoir un impact. Ayez des conversations pratiques. Ayez des discussions en début de service. S’il y a eu un incident, rassemblez votre personnel et rappelez l’importance des pratiques sûres. N’oubliez pas : vos mesures de sécurité ne sont efficaces que si elles sont bien appliquées. »

Avoir l’assurance nécessaire pour superviser et manager commence par la connaissance. Cependant, il faut aussi le soutien de la haute direction, qui doit accepter d’accorder du temps pour superviser, résoudre les problèmes et communiquer avec le personnel. Rendez votre personnel responsable de la sécurité et aidez-le à réduire les exemples de mauvaises pratiques.

Formation des caristes

Il faut que les surveillants veillent à ce que les trois étapes de formation des caristes soient suivies. « Les nouvelles recrues présentent, de loin, le plus de risques, fait remarquer Stuart. Ils ont autant de probabilités d’être blessés durant les six premiers mois d’un nouveau travail que durant le reste de leur vie professionnelle. »

Généralement, la formation de base, qui est effectuée à l’écart des sites de travail, inclut des aspects pratiques et théoriques, dans un environnement sûr.

Les formations de familiarisation et spécifiques à une tâche doivent de préférence être prodiguées sur place par un membre du personnel de confiance et compétent, qui a les connaissances et compétences nécessaires pour inculquer les bonnes attitudes et compréhensions. Cette formation porte sur les exigences spécifiques à leur tâche et sur l’enseignement de la façon de travailler sans risque dans leur environnement quotidien. Par exemple : les procédures et réglementations applicables à leur site ; la façon dont fonctionnent leurs systèmes de gestion du trafic ; les dangers spécifiques à un site, tels que les pentes, les obstacles en hauteur ou les niveleurs de quai ; et les informations sur les types de chargement, les différents poids des charges et les méthodes d’empilement, etc.

Généralement, des mises à niveau de formation doivent avoir lieu tous les trois à cinq ans mais, en pratique, la fréquence doit être définie selon le fonctionnement de l’entreprise et selon les caristes. Par exemple, les utilisateurs occasionnels peuvent nécessiter une actualisation plus fréquente, parce qu’ils ne mettent pas régulièrement leur formation en pratique.

Les procédures de recharge de batterie et de remplissage du carburant font partie de la formation de base des caristes. Les responsables doivent veiller à ce qu’elles soient incluses dans les formations professionnelles spécifiques et contrôlées. Ce domaine est essentiel car la maintenance des batteries et le remplissage du carburant peuvent présenter des risques extrêmement graves si les précautions adéquates ne sont pas prises : électrocutions, brûlures, voire explosions.

« Environ 60 % des blessures dues à des accidents de chariot élévateur ne sont pas dues aux caristes mais aux piétons qui les entourent. »

Piétons

« Environ 60 % des blessures dues à des accidents de chariot élévateur ne sont pas dues aux caristes mais aux piétons qui les entourent, souligne Stuart. Les piétons étant le groupe le plus exposé, il est essentiel de les sensibiliser autant que les caristes. »

Dans un monde idéal, il faudrait une séparation physique entre les chariots élévateurs et les piétons, mais cela n’est pas possible dans tous les environnements. Donc, Stuart suggère que les entreprises évaluent le lieu de travail et demande au personnel de contribuer à l’élaboration des politiques de sécurité, avec au minimum un système de trajets piétonniers.

Un faible niveau d’investissement et de temps suffit pour sensibiliser le personnel et les visiteurs aux risques, aux politiques de séparation et aux procédures sur site, et pour veiller ensuite à ce qu’elles soient respectées.

« On peut limiter les risques en mettant en place les bonnes mesures de contrôle. Ce n’est pas compliqué. Cela consiste à les appliquer et à s’engager à les respecter. »

Être astucieux concernant les objectifs

« Le problème des KPI, c’est qu’ils peuvent facilement devenir une simple case à cocher, avertit Stuart. Alors, choisissez-les prudemment. »

Il y a beaucoup plus de dommages matériels que de blessures. Ces dommages peuvent affecter votre chariot élévateur, vos rayonnages ou votre stock. Et ne sous-estimez pas le coût lié à l’interruption de votre activité. Tous ces coûts, qui sont mesurables, sont directement déduits du résultat de votre entreprise. Alors ne mesurez pas simplement le nombre de quasi-accidents que vous avez eus. Associez-les à quelque chose de plus tangible et utilisez-les comme base pour apporter des améliorations.

Le point sur les chariots élévateurs

Les entreprises sont responsables d’un entretien adéquat de leur équipement et, pour cela, la plupart font appel à une maintenance préventive planifiée. Cependant, des inspections régulières avant utilisation, en début de journée ou de service, peuvent permettre d’identifier des défaillances et d’éviter des incidents.

« Les inspections avant utilisation font partie de la formation de base. Il incombe aux caristes de les effectuer, fait remarquer Stuart. Les responsables et les surveillants doivent veiller à ce qu’elles soient effectuées en totalité et à ce que les résultats soient conservés. En faisant des vérifications impromptues régulières, ils veilleront à ce que le personnel ne coche pas toutes les cases sans regarder le chariot. »

De plus, la formation de la direction est vitale pour comprendre la gravité des défaillances (et leurs conséquences potentielles) et pour veiller à que des procédures permettent de retirer de la circulation les chariots élévateurs à risque, de les réparer et de les remettre en service dans un temps donné.