Logistique

Former les gestionnaires logistiques de demain

Par Gian Schiava

Novembre 2017

De quelle manière les écoles de logistique et les universités vont répondre aux futurs besoins de l’industrie

Notre bilan due 10e anniversaire, qui exploreamine le passé et l’avenir du monde de la manutention, serait incomplet sans une l’intervention de ceux qui forment les gestionnaires de logistiques de demain : nos écoles de logistique et nos universités. Gian Schiava a interrogé deux professeurs de logistique renommés afin de mieux cernerexplorer ce sujet.

Les professeurs interrogés sont René de Koster, de l’université Érasme de Rotterdam, aux Pays-Bas, ainsi qu’Edward Sweeney, d’Aston University, à Birmingham, au Royaume-Uni.

eureka : Comment la description de poste des gestionnaires de logistiques va-t-elle évoluer au cours des 5 à 10 prochaines années ? Quelles nouvelles compétences devront-ils apprendre ?

René de Koster commence : « Les études universitaires font constamment ressortir de nouvelles technologies et de nouveaux éclairages. Les professionnels de la logistique doivent rester informés en assistant à des salons et à des séminaires. En outre, il est important de continuer à apprendre et à se développer en suivant des cours plus spécifiques et en échangeant avec des chercheurs qui apportent de nouveaux éclairages. »

Edward Sweeney nous donne son point de vue : « Les chaînes logistiques deviennent (1) plus : (i) avancées sur le plan technologique, (2ii) connectées sur le plan mondial et (3iii) respectueuses de l’environnement. Les gestionnaires de logistiques de l’avenir devront avoir diverses compétences et connaissances afin de relever ces trois défis.

« Ils devront être très compétents en technologie, notamment concernant la façon dont l’informatique est utilisée pour faciliter l’intégration de la chaîne logistique.

De plus, ils devront apprendrecomprendre comment à  agir faire dans face un aux marché contextes internationalux de plus en plus complexes. Cela nécessite une bonne connaissance du business et des problèmes sujets commerciaux et économiques mondiaux, ainsi que des différences culturelles qui influencent la façon dont les chaînes logistiques sont conçues et gérées.

Enfin, il est urgent d’obtenir des compétences en gestion durable des chaînes logistiques viables. Cela concerne le développement durablea viabilité commerciale de manière générale, dans un contexte où les marchés sont de plus en plus compétitifs, ainsi que la portection de la viabilité’ environnementale et la logistique verte écoresponsable. »

 

Professors_content_images_6
Professors_content_images_2

Erasmus University, Rotterdam, Netherlands

eureka : Comment les écoles et les universités proposant des programmes de logistique doivent-elles s’adapter à ces nouveaux besoins.

Edward Sweeney explique : « Le secret, c’est que les programmes soientn co-écrits par les prestataires (établissements d’enseignement supérieur dans le cas des programmes universitaires) et des professionnels confirmésaguerris de la chaîne logistique provenant de plusieurs secteurs.

Dans le cas d’Aston, nous avons travaillé en collaboration avec les organismes industriels et professionnels à l’élaboration de tous nos programmes. Ils contiennent :

 

  • Des diplômes de base et d’autres programmes de première année basés sur le travail, conçus et dispensés en collaboration avec le Royal Mail et JLR.
  • Les programmes à temps plein de première année font partie du Novus Trust, consortium de plus de vingt grandes entreprises britanniques de la vente au détail (Sainsbury’s, Morrisons, etc.), de la fabrication (Cummins, Muller, etc.) et des services de logistique.
  • Programmes post-licence en collaboration avec le Chartered Institute of Logistics and Transport (CILT) et un groupe d’entreprises

 

« Le plus important secret, ici, est ds’associer l’excellence universitaire à de vraies solutions correspondant aux besoins évolutifs de l’entreprise. Aston forme un nombre important enviable de diplômés prêts à être embauchés. Le secret, c’est de combiner l’excellence et la pertinence. »

René de Koster ajoute : « Les établissements prennent la relève en proposant des cours et des programmes sur les nouveaux développements : analyse de données, blockchainîne de bloc, robotique, etc. Par nature, les universités ne se concentrent pas sur un nouvel outil du marché en particulier mais, plutôt au lieu de cela, sur les éclairages structurels et les méthodes qui peuvent être appliqués à une multitude de situations. »

 

« Les professionnels de la logistique doivent se tenir informés en visitant des salons et en assistant à des séminaires. »

eureka : Quel sera le profil des futurs étudiants en logistique ?

René de Koster répond : « Avant toute choseTout d’abord et surtout, les étudiants doivent se concentrer sur les techniques fondamentales qui ne peuvent pas être apprises sur le tas (programmation informatique, analyse de données, techniques statistiques, modélisation de simulations, modélisation analytique, programmes mathématiques de résolution, etc…).

Par ailleurs, ils doivent acquérirapprendre une compétenceattitude universitaire (analyse, recherche de documentation, formulation de problème, sélection de méthode). Ils doivent apprendre les cours de base, qui traitent les sujets universitaires de manière magistrale, puis être confrontés à la pratique grâce à des stages qui favorisent la formulation des problèmes et les techniques de résolution. »

Edward Sweeney répond : « Nous restons attachésguidés par le au principe consistant à former des professionnels de la chaîne logistique “en forme de T”. Ce sont des diplômés ayantéquipés des connaissances spécialisées dans des domaines essentiels de la logistique tels que la gestion deu stock, l’entreposage, la planification des transports et la conception des chaînes logistiques.

Cependant, outre ces connaissances spécialisées et ces compétences, il est nécessaire de connaître le contexte général dans lequel cette expertise spécialisée sera appliquée. En particulier, Lles futurs gestionnaires de logistiques devront notamment pouvoir faire face aux changements, réfléchir de manière stratégique et favoriser le travail d’équipe, tout en ayant un grand flair commercial et une excellente compréhension de la dimension financière des chaînes logistiques. »

Professors_content_images_5
Professors_content_images_1

Université Erasmus, Rotterdam, Pays-Bas

eureka : Quelles sont les grandes différences entre les programmes actuels d’enseignement/apprentissage sur la logistique et ceux d’il y a 10 ans ?

Edward Sweeney résume : « La plus grande différence a trait au contenu. En effet, les professionnels de la logistique ne doiventevraient pas être de simples spécialistes de leur sujet, ils doiventevraient aussi être des agents de modification des chaînes logistiques. Mes divers commentaires ci-dessus sont pertinents dans ce contexte.

« L’autre grande différence réside dans la façon dont les programmes sont dispensés. L’enseignement et l’apprentissage sont beaucoup plus tournés vers l’étudiant que par le passé, avec un accente plus forte insistance, par exemple, sur l’apprentissage basé dessur les problèmes de base et les “salles de cours inversées”. »

 

René de Koster conclut : « Fondamentalement, il n’y a pas tant de différences que cela. Cependant, des techniques se développent, en raison des capacités de traitement rapide des informations.

Par exemple, on peut désormais résoudre unela programmation linéaire en nombres entiers (PLNE) mixte en nombre entiers (MIP) grâce à des ordinateurs plus rapides, plus de mémoire, des algorithmes plus intelligents et des bases de données en ligne, ainsi qu’à des outils de programmation plus faciles d’accès. Cependant, sur le plan fondamental, un PLNEMIP reste un PLNEMIP. Les outils changent aussi (ex. Pascal -> C++ -> Python et Java) et, bien sûr, on utilise dans l’enseignement les meilleurs outils et les plus récents.

Les plus gros changements proviennent probablement de la façon dont les cours sont organisés : plus de cours MOOC, plus d’enseignement basé sur des cas concrets, plus de salles de cours inversées et plus d’utilisation d’Internet pour diffuser les cours message. De plus, les comparaisons / évaluations / accréditations constantes ont augmenté la qualité de l’enseignement et l’ont rendu plus cohérent. »

 

Professors_content_images_3

René de Koster

René BM de Koster est professeur de logistique et de gestion des opérations à la Rotterdam School of Management (RSM), université Érasme.

Ses sujets d’étude sont l’entreposage, la manutention, les opérations de terminal de conteneurs et les opérations comportementales.

Il enseigne dans plusieurs universités et il est l’auteur ou éditeur de huit livres et de plus d’une centaine d’articles publiés dans des revues universitaires. Il est le rédacteur- en- chef de quatre revues universitaires, membre du comité Rr&D de l’European Logistics Association (ELA), membre du comité consultatif scientifique du BVL, et membre des comités de surveillance des universités de Pise et d’Helsinki, ainsi que président de Stichting Logistica et fondateur du Material Handling Forum.

 

Professors_content_images_4

Edward Sweeney

Edward Sweeney est professeur de logistique, directeur du groupe Engineering Systems and Management (ESM) et directeur de l’Aston Logistics and Systems Institute d’Aston University.

Ses sujets d’étude sont la conception et l’intégration de chaînes logistiques, notamment la divergence entre la théorie et la pratique.

Il a travaillé et enseigné dans plus de 50 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie et, actuellement, il est professeur invité à l’université de Kuala Lumpur. C’est un chercheur expérimenté, avec plus de 200 publications telles que des livres et chapitres de livres, des articles dans les revues universitaires internationales examinées de manière collégiale, des articles dans les revues de praticiens et des conférences.

 

Print