À vous de choisir

Comment concevoir le processus idéal de préparation de commandes

Pour l’essentiel, un entrepôt réalise quatre types d’activités : réception des marchandises, stockage, préparation des commandes et expédition. Les innovations récentes (l’e-commerce étant la plus importante) ont fait de la préparation de marchandises l’activité la plus coûteuse et la plus utilisatrice de main-d’œuvre. Gian Schiava explore les choix à faire quand vous concevez (ou révisez) votre processus de préparation de commandes.

Ayant abordé divers systèmes de stockage dans des numéros précédents d’Eureka, nous ne traiterons pas ici ce sujet. L’an dernier, nous avons aussi parlé d’outils de numérisation et des fonctions des chariots élévateurs permettant des gains de temps. Cette fois-ci, nous prenons du recul et examinons  différents outils technologiques, méthodes et autres facteurs qui influencent la conception de la préparation des commandes. Car en fin de compte, ils déterminent votre capacité à améliorer la productivité.

Statique ou dynamique

Commençons par une définition. La préparation de commandes consiste à récupérer des produits placés en stockage ou dans des zones tampons afin de répondre à une commande spécifique. S’il part de zéro, le responsable d’entrepôt pourra choisir une préparation de commandes statique ou dynamique ; ce choix aura un impact énorme sur la disposition générale de l’entrepôt.

Avec la préparation de commandes statique, le préparateur doit se déplacer jusqu’aux marchandises. Pour cela, il doit prendre un moyen de transport jusqu’au site de stockage, saisir la marchandise ou la palette et la transporter jusqu’au site de livraison. L’efficacité et la performance seront influencées par vos choix, qui s’appliquent aux points suivants :

• Limiter les distances de marche / conduite
• Optimiser les trajets
• Organiser les sites de stockage en fonction des types de marchandises
• Raccourcir le temps de traitement et/ou de préparation (avec les approches mains libres)
• Sélectionner la méthode de collecte

Par ailleurs, divers outils permettent de renforcer la performance.

La préparation de commandes dynamique consiste à acheminer les marchandises jusqu’au cariste, au moyen de tapis roulants, de systèmes de mini-charge, de carrousels verticaux, voire de robots. Les principaux critères sont l’ergonomie, la réduction des actions et le contrôle des défaillances.

En prenant la décision complexe entre ces deux systèmes de base, votre entreprise doit tenir compte du retour sur investissement (RSI), de la maintenance, de l’évolutivité, de la flexibilité et de la vitesse. Si les flux entrants et sortants ne sont pas des gros volumes et ne sont pas quasi identiques, la plupart des entreprises utilisent un processus de préparation de commandes statique, parfois aidé par un certain niveau de mécanisation.

Méthodologie

Dans un numéro précédent d’Eureka (hiver 2017), nous avons parlé à René de Koster, de l’université Erasmus de Rotterdam. Il pense qu’il y a (encore) deux choix de base à faire dans la préparation de commandes.

Le premier consiste à choisir entre séquentiel et parallèle. Avec la préparation de commandes séquentielle, une ou plusieurs commandes sont préparées et effectuées par une ou plusieurs personnes, puis la commande est transmise. Lors de la préparation de commandes parallèle, plusieurs personnes préparent les commandes simultanément. L’avantage est qu’une seule personne n’a pas à parcourir la totalité de l’entrepôt, ce qui limite les distances.

Le second consiste à choisir entre une collecte par commande ou par article. Dans le premier cas, une ou plusieurs personnes terminent une commande avant de commencer la suivante. Dans le second cas, toutes les lignes de toutes les commandes sont réorganisées en lots d’éléments ou de zone. Chaque personne choisit un seul lot et, donc, une partie limitée de la commande complète. Cela a aussi l’avantage de limiter  les distances à parcourir à pied.

Alors, quelle est la meilleure méthode pour vous ? Cela dépend de ces quatre facteurs :

• Le nombre de commandes par jour
• Le nombre de lignes par commande
• L’assortiment de produits
• Les caractéristiques des marchandises

La préparation de commandes séquentielle fonctionne bien si le nombre de lignes par commande est limité. C’est simple et le risque d’erreur est très limité. Cependant, si le nombre de commandes augmente et si l’assortiment reste limité, la préparation par lots vaut la peine d’être étudiée.

Les caractéristiques des marchandises jouent aussi un rôle car, souvent, elles ont des conséquences sur la méthode de stockage. Les articles volumineux seront placés en rayonnages de palettes, voire au sol. Les articles peu volumineux seront stockés dans des systèmes d’étagères. Dans les entrepôts ayant des systèmes de stockage différents, la préparation de commandes parallèle pourrait bien être la solution la plus pratique.

Peaufinage

Après avoir abordé tous ces sujets, le processus de préparation de commandes peut être peaufiné grâce à la sélection de divers outils, méthodes ou aides technologiques. Les possibilités étant très nombreuses, nous n’en citerons que quelques-unes :

Choisissez par lumière « Pick to Light »
Cette technique numérique rend la préparation de commandes beaucoup plus efficace. Les affichages LED sont souvent utilisés pour diriger le préparateur vers le site de l’article. Le pick to light est particulièrement utile pour les opérations très rapides. Cette méthode est utilisée principalement pour les petits articles des rayonnages ou étagères à approvisionnement continu.

Trier par lumière « Sort to Light »
Technique visuelle rapide qui facilite le tri. Les lampes du module sort to light dirigent rapidement le préparateur vers le site adéquat, où le nombre d’articles à trier sera alors affiché. Ceci est idéal pour les situations où un seul article doit être divisé en un grand nombre de commandes.

Sélection de voix « Voice Picking »
Méthode de préparation de commandes contrôlée par la voix. Munis d’un ordinateur mobile et d’un casque, les employés entendent des instructions et réagissent avec des confirmations vocales. Ainsi, leurs mains et leurs yeux sont libres.

Vous montez ?

Quand vous utilisez des chariots élévateurs, vous pouvez choisir entre une ou deux dimensions de préparation de commandes. Dans le premier cas, la préparation a lieu à hauteur humaine ou  entre les deux premiers niveaux. Les chariots préparateurs de commandes  au sol peuvent atteindre environ 3 mètres avec l’aide de plateformes ou de fourches élévatrices. Les préparateurs de commandes à  deux niveaux nécessitent des chariots pouvant atteindre 8 à 9 mètres. Dans cette configuration, c’est l’ensemble des rayonnages  qui est  dédié aux  prélèvements.

Les organismes indépendants qui testent les chariots d’entrepôt, comme l’agence néerlandaise Andersom, ont montré que la plupart des gains au premier niveau peuvent être obtenus en travaillant avec des chariots qui offrent une bonne accélération, un départ performant et des fonctions de « marche à côté », qui offrent une excellente ergonomie. Enfin, le responsable d’entrepôt doit mettre en place un  parcours qui réduise les pertes de temps et optimise les distances de préparation.

Le processus idéal de préparation de commandes…

… n’existe pas. Chaque situation s’avère unique. Trop de facteurs s’entremêlent, et il vaut mieux travailler avec des experts quand on veut concevoir un processus optimal de préparation de commandes.

Sources:

–  Divers articles de René de Koster (voir aussi Eureka numéro 29)

–  Evofenedex (association commerciale néerlandaise d’entreprises ayant des opérations logistiques et/ou internationales)