Écoresponsabilité

Questions et réponses sur les émissions carbone

Par Mark Nicholson

MaI 2023

Guide sur le changement climatique à l’intention des professionnels de la manutention

Le carbone fait aujourd’hui l’objet de nombreuses discussions, et ce phénomène s’amplifiera avec l’aggravation de la crise liée au changement climatique. Les expressions « empreinte carbone », « neutre en carbone », « zéro émission nette », « compensation carbone » et « crédits carbone » reviennent constamment sur le devant de la scène. Mais savons-nous précisément ce qu’elles signifient ? Mark Nicholson en donne une explication simple qui servira de postulat de départ pour planifier la décarbonation de votre entreprise.

Qu’entend-on par « émissions carbone » ?

En réalité, il est ici question des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Aujourd’hui, les combustibles fossiles brûlés dans notre atmosphère sont en grande partie responsables de l’excès de CO2. Nous en brûlons d’énormes quantités pour alimenter les véhicules et les machines industrielles, chauffer les bâtiments et produire de l’électricité, par exemple.

Pourquoi les émissions carbone constituent-elles un réel problème ?

Au même titre que d’autres gaz à effet de serre (GES), tels que le méthane, l’oxyde nitreux et les gaz fluorés, elles s’accumulent dans la haute atmosphère. Elles y piègent une grande partie de la chaleur qui, sinon, se diffuserait dans l’espace, et en renvoie une partie vers la terre. Résultat : les températures mondiales augmentent et le changement climatique s’accélère.

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La principale source d’émission de CO2 est la combustion de combustibles fossiles.

Qu’est-ce que l’empreinte carbone ?

Il s’agit d’un indicateur qui vise à mesurer l’impact d’une activité donnée sur le changement climatique, en prenant comme référence les émissions carbone et celles d’autres GES. Cette « activité » peut s’appliquer à un pays, une entreprise, une exploitation commerciale, un individu, un produit ou toute autre entité. L’empreinte carbone correspond à la somme – exprimée en tonnes – de tous les GES résultant de l’existence et des actions de cette entité.

Bien que nous l’appelions empreinte carbone, cet indicateur tient également compte d’autres gaz à effet de serre (GES). Pour ces derniers, nous calculons la quantité de CO2 nécessaire pour obtenir le même effet de piégeage de la chaleur. Le score final de l’empreinte carbone est ensuite exprimé en tonnes d’équivalent CO2 (CO2e).

Comment mesurez votre propre empreinte carbone ?

Si vous effectuez une recherche sur Internet en saisissant « calculateur d’empreinte carbone », de nombreuses aides en ligne vous seront proposées. Vous trouverez également de nombreuses structures susceptibles de vous aider à mesurer et à réduire votre empreinte carbone. Pour ce faire, recherchez « services de réduction des émissions carbone ».

Pour obtenir la mesure la plus précise possible, vous devez regarder au-delà des sources d’émissions les plus évidentes. Dans cette optique, trois « champs d’application » peuvent être pris en compte. Examinons-les dans le cadre d’un entrepôt ou d’une usine, par exemple.

Champ d’application n° 1 – les émissions directes issues de votre activité

Ce sont les émissions issues des véhicules, des chariots élévateurs, des usines de fabrication et des systèmes de chauffage fonctionnant à l’essence, au diesel, au gaz ou aux combustibles solides.

Champ d’application n° 2 – les émissions indirectes liées à l’énergie achetée auprès d’un fournisseur de services publics

Dans la plupart des cas, il est ici question d’électricité. Vos chariots élévateurs et autres équipements sont peut-être électriques et non polluants, mais comment l’électricité a-t-elle été produite ? Souvent, elle est obtenue en extrayant et en brûlant des combustibles fossiles.

Champ d’application n° 3 – toutes les autres émissions indirectes

Cela concerne une grande partie des émissions qui résultent des activités de votre entreprise, mais sur lesquelles vous n’avez pas de contrôle direct. Par exemple, des gaz à effet de serre (GES) sont émis lors de la fabrication des chariots, des équipements, des palettes et des emballages que vous utilisez. Tout au long de la Supply Chain, certaines activités – comme la production et l’acheminement des matières premières – génèrent des émissions liées aux opérations de votre entreprise. Les consommateurs, lorsqu’ils utilisent les produits que vous fournissez, peuvent également produire des émissions. En outre, la gestion des déchets de votre entreprise nécessite de l’énergie et est donc source d’émissions.

Zero Emission

Que signifie « neutre en carbone » ?

Votre entreprise, vos activités ou vos produits peuvent être considérés comme neutres en carbone si les émissions de CO2 qui en résultent sont compensées par une absorption du CO2. Dans la nature, il existe des puits de carbone qui absorbent et emmagasinent le CO2. C’est ce qu’on appelle le « piégeage » du carbone. Les sols, les forêts et les océans constituent l’essentiel de ces réservoirs naturels.

Pour déterminer la neutralité carbone d’un élément, la capacité de la nature à absorber le CO2 est prise en compte. Cette capacité est malheureusement réduite par la dégradation et l’amenuisement des sols, des forêts, des océans et d’autres écosystèmes. Des technologies permettant d’éliminer physiquement le CO2 présent dans l’air ont été développées, mais leur effet reste modeste lorsqu’on le compare aux puits naturels.

L’expression « climatiquement neutre » est parfois employée afin de renforcer l’idée que le CO2 n’est pas le seul GES. Les termes « carbonégatif » et « positif pour le climat » sont également utilisés. Il s’agit de scénarios où la quantité de CO2 (ou de GES plus globalement) émise est inférieure à la quantité absorbée. Cette situation est évidemment idéale.

La notion de « zéro émission nette » est-elle synonyme de celle de « neutre en carbone » ?

Malgré quelques différences subtiles, ces deux concepts assez similaires sont parfois utilisés de manière interchangeable. Tous deux reposent sur la nécessité d’équilibrer l’émission et l’absorption du CO2. Cependant, les objectifs « zéro émission nette » sont généralement beaucoup plus ambitieux et couvrent des régions, des pays, des grandes organisations ou des Supply Chains dans leur ensemble, par exemple. Qui plus est, outre le CO2, ils sont également susceptibles d’englober d’autres GES. Ils mettent principalement l’accent sur la réduction des émissions, et seule une fraction éventuelle de l’équilibre repose sur la compensation des émissions carbone. (Voir la section suivante.)

Vous rencontrerez peut-être également les expressions « carbone zéro » ou « zéro carbone ». Elles renvoient à des cas où les activités en question ne produisent pas de CO2. Une telle situation serait hautement improbable dans tout secteur industriel.

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L’énergie « propre », provenant des parcs solaires et éoliens, par exemple, est cruciale pour la décarbonation.

Qu’est-ce que la compensation carbone ?

La compensation carbone, également appelée « compensation des émissions carbone », consiste à contrebalancer tout ou partie de vos émissions en soutenant financièrement des projets de réduction du CO2 mis en œuvre ailleurs. Naturellement, votre priorité doit être de réduire votre propre impact. Cependant, pour bon nombre d’activités essentielles, des limites s’imposent quant au degré de réalisme et à la rapidité de la mise en œuvre. La compensation permet de progresser par d’autres moyens dans la lutte contre le changement climatique.

La conservation, la restauration ou la plantation de forêts sont autant d’exemples de projets que vous pouvez soutenir. Afin que le carbone soit piégé de façon permanente par les arbres, il faut éviter les incendies de forêt et mettre un terme à l’exploitation forestière à grande échelle. Le stockage du carbone peut également être intensifié en améliorant l’état des sols agricoles et de nombreux habitats naturels.

D’autres projets de compensation passent par des investissements dans la production d’énergie renouvelable et par des efforts de déploiement de technologies plus efficaces sur le plan énergétique pour l’industrie et la société. Ils sont souvent destinés à aider les populations des pays en voie de développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Il peut s’agir de construire des parcs éoliens ou solaires, d’électrifier des installations industrielles et des flottes de véhicules, ou encore de remplacer les fourneaux de cuisine des ménages par des modèles plus économes en énergie. Le développement et l’utilisation de puits de carbone artificiels qui capturent le CO2 directement dans l’atmosphère constituent un autre axe de financement.

Il importe de privilégier des programmes de compensation carbone dont les projets sont soutenus par des normes et des certifications officielles. Vous trouverez des informations sur les « normes de compensation carbone » en effectuant une recherche sur Internet. Cherchez également « services de compensation des émissions carbone » pour obtenir une liste d’entreprises proposant des projets à cet égard.

Credits Carbone

À quoi correspondent les crédits carbone ?

Certains pays et certaines régions proposent des programmes de plafonnement et d’échange de droits d’émission carbone. Le système d’échange de quotas d’émission (SEQE) de l’UE en est un bon exemple. Chaque entreprise est soumise à une limite quant au nombre de tonnes de CO2 (ou d’autres GES) qu’elle est autorisée à émettre. Lorsque ces émissions sont inférieures à cette limite, elle peut vendre la partie inutilisée de son quota à une autre entreprise. Chaque tonne de ce quota transférable est appelée un « crédit carbone ».

Les entreprises achètent des crédits carbone dès lors qu’elles ne sont pas en mesure de respecter les limites d’émission qui leur sont imposées. Cela résout ponctuellement leur problème. À plus long terme, le système les incite à réduire leurs émissions pour ne plus avoir à supporter le coût des crédits carbone. Quant aux entreprises qui vendent des crédits carbone, elles sont incitées à réduire davantage leurs émissions et à en vendre plus.

Pour bénéficier de conseils pratiques sur la manière de réduire votre impact sur le changement climatique et vos coûts, consultez notre bibliothèque en ligne Eureka.

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