Logistique durable

ÉCONOMISEZ LES MATÉRIAUX ET LE CARBURANT, TANT POUR VOTRE ENTREPRISE QUE POUR LA PLANÈTE

La réduction des déchets n’est pas toujours simple, mais elle est à la fois bénéfique pour l’environnement et l’économie, comme l’explique Gian Schiava.

Il est très diffi cile de gérer correctement le flux de marchandises au sein d’une chaîne logistique. Les mouvements entrants exigent une coopération étroite avec les fournisseurs, afi n que toutes les marchandises arrivent dans vos installations au moment opportun. Ensuite, les activités intralogistiques commencent à modifi er la forme des marchandises, ce qui exige une gestion pratique attentive. Une fois le stockage et le reconditionnement effectués, les commandes sont préparées pour répondre à la demande. Les responsables d’entrepôts préparent les expéditions et le fl ux sortant commence. Les marges pouvant être minces, l’effi cacité et la productivité sont des défi s quotidiens diffi ciles à relever pour le ou la responsable de la chaîne logistique.

Aujourd’hui cependant, il ou elle doit tenir compte d’un autre défi majeur. Nous sommes désormais plus que conscients que nous ne pouvons pas continuer à polluer la planète et à gaspiller ses ressources naturelles comme nous l’avons fait auparavant et nous nous devons de prendre des mesures pour offrir à nos enfants un avenir meilleur. Dans les flux logistiques, nous utilisons toutes sortes de matériaux d’emballage, notamment du carton, du papier, du film rétractable et du papier bulle. Qui plus est, avec l’augmentation des transactions dans le commerce électronique, nous avons créé un autre fl ux puissant : celui des marchandises retournées. Le traitement de ces retours, outre une consommation de carburant supplémentaire qui semble évitable, implique de manipuler à nouveau et de reconditionner.

Bien que les responsables de la chaîne logistique ne puissent certainement pas résoudre tous les problèmes de notre planète, une entreprise peut réduire de manière signifi cative ses impacts environnementaux en empruntant deux directions.

L’amélioration de l’efficacité énergétique et l’utilisation rationnelle des combustibles afin de réduire les émissions de carbone constituent notre défi ultime.

Vers l’intérieur : gérer les déchets internes

En fait, nous pouvons ici transformer un inconvénient en avantage. Nous devons désormais considérer les déchets comme une source de matières premières à partir desquelles de nouvelles ressources peuvent être créées. C’est ce que l’on appelle souvent le cycle de production circulaire. Les entreprises doivent savoir comment séparer leurs flux de déchets et concevoir des systèmes efficaces de logistique des déchets internes pour en tirer le meilleur parti. La société néerlandaise KTK travaille dans le domaine de la logistique des déchets depuis près de 30 ans et distille à ses clients potentiels des conseils avisés permettant des améliorations.

Sa première recommandation est de mettre en place longtemps à l’avance un système de logistique des déchets. Lors de la conception d’un nouvel entrepôt, nous avons tendance à nous concentrer sur le fl ux principal de marchandises. Ce faisant, nous négligeons les fl ux de déchets. Dans les grands centres de distribution, notamment, la production quotidienne de déchets peut atteindre plusieurs centaines de mètres cubes. Des flux aussi importants ne peuvent être traités effi cacement s’ils ne sont pas pris en compte dans la planifi cation initiale de l’entrepôt. Le choix des emplacements recevant les déchets et les moyens de séparer les flux est tout aussi important que le choix des chariots élévateurs adaptés.

Il est également suggéré de concevoir votre installation comme un concept global (ne cherchez pas de solutions partielles bon marché), d’envisager les différentes techniques de compactage disponibles (pour réduire les volumes), et de veiller à ce que les déchets n’entravent pas votre processus primaire. Les déchets peuvent rapidement devenir un obstacle pour les chariots élévateurs et les préparateurs de commandes.

Un autre message important est de ne pas oublier la logistique externe. Nous y reviendrons plus tard.

Un bon exemple pratique de l’approche de KTK a été mis en œuvre dans certains entrepôts de l’une des plus grandes entreprises de distribution alimentaire au monde, la chaîne Albert Heijn. Construite et améliorée à partir des installations de fl ux de déchets existantes, cette approche est axée sur une solution anti-vandalisme, adaptée aux bâtiments et qui se prête aux grandes quantités rencontrées de déchets résiduels, de cartons et de fi lms. À l’issue d’une analyse conjointe minutieuse, Albert Heijn a décidé d’acheter un grand nombre d’installations de concassage des déchets et d’élaborer un plan détaillé pour l’entretien et
la collecte.

Vers l’extérieur : réduire la consommation dans la chaîne logistique

La durabilité dans l’ensemble de la Supply Chain est une tout autre affaire. Nous devons aller au-delà de la réduction et du recyclage des matériaux d’emballage, car d’autres domaines cruciaux requièrent notre attention.

L’amélioration de l’effi cacité énergétique et l’utilisation rationnelle des combustibles afin de réduire les émissions de carbone constituent notre défi ultime. Dans ce domaine, s’agissant d’une question environnementale bien connue, la pression des actionnaires et des clients est forte. La réduction des coûts grâce à des transports plus effi caces sur le plan énergétique est une autre motivation importante. Le retour sur investissement peut être particulièrement bon lorsqu’on passe de sources d’énergie fossiles très polluantes à des alternatives hybrides ou électriques plus vertes.

Les grandes entreprises de logistique, notamment, sont prêtes à se lancer dans le transport vert. UPS, par exemple, remplace progressivement sa fl otte par des véhicules fonctionnant avec des carburants alternatifs ou faisant appel à des technologies avancées, telles que des sources d’énergie hybrides, qui améliorent l’effi cacité énergétique. L’un des objectifs de l’entreprise est que 40 % de l’ensemble du carburant utilisé au sol provienne de sources autres que l’essence et le diesel conventionnels d’ici 2025 (contre 19,6 % en 2016).

Une consommation excessive de carburant peut également être le résultat d’une planifi cation hasardeuse. Il n’est pas écologique de parcourir des kilomètres supplémentaires sous l’effet d’un itinéraire ou d’un horaire ineffi cace. Les remorques vides sur les itinéraires de retour gaspillent également du carburant. Un système moderne de gestion du transport (TMS) peut aider à optimiser des éléments tels que la capacité de chargement, les taux de remplissage, la dotation en effectifs de l’espace de chargement, ainsi qu’à garantir des opérations de chargement et de déchargement opportunes.

La liste des possibilités est longue. Des quantités de stock inutilement élevées peuvent entraîner de nombreux déplacements inutiles. Des systèmes d’acheminement ou des plans de préparation de commandes médiocres peuvent entraîner une augmentation évitable des kilomètres parcourus. Les machines d’emballage conventionnelles, qui expédient des emballages partiellement vides, ou garnis de matériaux de remplissage, contribuent également au gaspillage.

Il existe déjà de bonnes solutions alternatives, mais leur adoption nécessite des recherches et des efforts. Pour accélérer les avancées dans le domaine de la logistique durable, l’un des nouveaux rôles émergents est celui du responsable de la logistique des déchets. Il est urgent de recruter des professionnels axés sur le développement durable, pour la planète bien évidemment, mais aussi pour votre entreprise. Après tout, le potentiel d’économies dans ce domaine est époustouflant.