Adéquation du sol à la manutention

Pourquoi il vous faut garder les sols de vos entrepôts propres et en bon état

En 2014, Gian Schiava a écrit un article* Eureka sur l’importance d’un sol propre et lisse, soulignant l’impact négatif sur la productivité de toute négligence. Après s’être penché à l’époque sur la manière de créer ou de restaurer des sols de bonne qualité, il aborde à présent les dommages qu’ils peuvent subir et les efforts quotidiens nécessaires pour les prévenir.

Une récente chronique** Eureka de Mark Nicholson (janvier 2020) abordait les risques liés à la poussière et les mesures préventives possibles. L’article d’aujourd’hui élargit ce sujet, passe en revue les matériels de nettoyage disponibles et se penche sur ce qu’il faut rechercher lors de leur achat.

Le lent processus de détérioration

Lorsque nous commençons à utiliser un nouvel entrepôt, l’endroit a souvent tout d’une salle d’exposition. Les produits sont stockés avec grand soin, les rayonnages brillent et nous sommes prêts à l’action. Mais ensuite, le travail commence. Rapidement, il devient évident que le sol d’un entrepôt sera beaucoup plus malmené que tout autre type de sol commercial. Chaque jour, nombreux seront les chariots élévateurs et transpalettes susceptibles d’y circuler dans tous les sens. Parfois, de lourdes charges sont littéralement traînées sur sa surface.  Des éraflures et des rayures s’y manifestent rapidement.

Voici les premiers signes visibles de dommages au sol pouvant engendrer un impact négatif sur les opérations :

Éraflures : Au début, on constate souvent la présence d’éraflures et de petites rainures. Celles-ci se produisent lorsque de lourdes charges sont traînées sur le sol. Elles peuvent également être causées par des palettes rugueuses ou endommagées, par d’autres charges non uniformes, ainsi que par des chariots élévateurs mal utilisés.

Marques de pneumatiques : Des taches de ce type sont surtout rencontrées lorsque de nombreux chariots élévateurs ou transpalettes sont utilisés dans l’entrepôt. Elles proviennent soit de pneumatiques usés, soit de véhicules qui dérapent sur la surface en béton lisse. Un traitement chimique est souvent nécessaire pour enlever ces vilaines marques.

Planéité altérée : Cette altération se produit lorsque les fondations de l’entrepôt elles-mêmes ne sont pas assez robustes, ou en cas de crêtes de pression (sous l’effet de charges, équipements, etc.). Souvent, les surfaces commencent à céder là où se concentrent les charges les plus lourdes.

Fissures : Une planéité altérée du sol s’accompagne souvent de fissures. Les petites fissures peuvent être comblées par des mélanges de ciment, mais les plus grandes nécessitent des travaux de réparation complexes.

Usure chimique : Les produits chimiques corrosifs, tels que les acides, peuvent laisser des marques permanentes et endommager en surface les sols en béton.

Mais les facteurs humains sont peut-être les plus dommageables à long terme. Dans une étude américaine (source : Warehouse Forum), il a été demandé à des professionnels de l’entreposage pourquoi ils ne réparaient pas leurs sols. Les trois premiers résultats sont inquiétants :

92 % – Manque de temps pour effectuer les réparations

89 % – Main-d’œuvre de maintenance inadéquate

84 % – Ce n’est pas une priorité pour l’entreprise

Conséquences

Les sols détériorés ont un impact négatif sur plusieurs aspects du fonctionnement de l’entrepôt :

1. Les équipements de manutention

La plupart des chariots élévateurs d’intérieur sont rarement utilisés à l’extérieur, en particulier les modèles d’entrepôt spécialisés comme les gerbeurs, les transpalettes et les préparateurs de commande. Lorsqu’ils passent sur des fissures ou des trous dans le sol, leurs pneumatiques en caoutchouc se détériorent rapidement. Les coûts d’entretien et de réparation augmentent, tout comme les temps d’immobilisation.

2. Les personnes

Les problèmes de sol affectent également les conducteurs de véhicules. L’augmentation des vibrations, due notamment aux chocs et aux secousses, se traduit par de la fatigue, des douleurs dorsales, voire une pression mentale. Un revêtement de sol défectueux peut également augmenter les risques d’accident. Enfin, l’absentéisme peut augmenter et une entreprise qui ne gère pas correctement la situation peut voir partir ses meilleurs conducteurs.

3. Productivité

La productivité diminue lorsque les sols sont négligés. Dans les circonstances décrites ci-dessus, les conducteurs de chariots élévateurs les plus avisés réduiront les impacts des fissures et des trous dans le sol en ralentissant ou en faisant des détours pour éviter les défauts d’aspérité. Mais votre rendement commence à diminuer en conséquence.

4. Sécurité et entretien général

Les sols en mauvais état ont également un impact sur l’entretien et l’hygiène. Les fissures dans le béton permettent à la saleté et aux débris de s’accumuler. Et même avec des balayeuses mécaniques, les fissures profondes ne sont pas toujours bien nettoyées.

Les nombreuses marques laissées par les pneumatiques sur le sol peuvent masquer les signalisations de zones piétonnes et autres marquages au sol, augmentant de ce fait les risques d’accident. La restauration régulière de ces marquages exige un investissement supplémentaire qui sinon ne serait pas nécessaire.

Les problèmes susmentionnés sont encore plus importants dans les environnements alimentaires ou pharmaceutiques, où la contamination est prise très au sérieux et où la législation impose des normes strictes.

L’adéquation du sol est le résultat de la persévérance et de la discipline

La réparation des sols n’est généralement pas trop difficile, mais elle est chronophage, et plus vous attendez, plus les coûts augmentent. Le maître-mot est donc la prévention et cela se traduit par un entretien simple et régulier. Il faut notamment nettoyer régulièrement la poussière et les débris (clous, écrous, boulons…), vérifier les chariots élévateurs et autres véhicules, notamment l’usure des pneumatiques, repenser occasionnellement l’aménagement, examiner les risques de sécurité et enfin… investir dans un nettoyage professionnel !

Que vous externalisiez totalement l’activité ou que vous demandiez à vos employés de nettoyer avec des machines professionnelles, vous constaterez qu’il peut être beaucoup moins coûteux de nettoyer et frotter plusieurs fois par an que d’effectuer des réparations onéreuses.

Si vous cherchez des machines de nettoyage, ce ne seront pas les fournisseurs qui manquent à l’appel, mais la question fondamentale se résume toujours à : balayer, frotter ou les deux ?

Kärcher, l’une des plus grandes marques, recommande de toujours balayer avant de frotter. Elle note qu’environ 80 % des salissures qui s’infiltrent dans l’environnement sont de type particules sèches. Pour bien nettoyer, il faut d’abord balayer les sols, sinon les particules sèches se coincent dans les tampons de lavage, ce qui les rend moins efficaces et les détériorent. La société affirme que le balayage est peut-être l’une des parties les plus négligées d’un programme d’entretien. Il existe différentes machines en fonction de la taille des débris que vous traitez.

Un autre fournisseur, Nilfisk, souligne que des sols propres contribuent à une meilleure satisfaction professionnelle et à une bonne attitude des employés. En prenant soin de vos installations, vous montrez que vous vous souciez de votre personnel. De plus, certains entrepôts étant visités par des fournisseurs ou des clients, vous aurez tout à y gagner en présentant une image propre et organisée. Nilfisk partage quatre conseils à garder à l’esprit lors de l’achat de matériel professionnel de nettoyage des sols :

1. Visez une productivité élevée au lieu du prix le plus bas. Parfois, un équipement plus cher peut offrir le meilleur rendement du capital investi (RCI). Il faut tenir compte des coûts de main-d’œuvre et les équipements qui permettent d’effectuer le travail plus rapidement sont aussi rentabilisés plus rapidement.

2. Recherchez un équipement flexible. Du point de vue du nettoyage, les installations ne sont pas sales uniformément. Pour un nettoyage efficace, il peut être utile de donner aux opérateurs la possibilité de régler la puissance de nettoyage de la machine. Cela peut également permettre d’économiser les produits chimiques et l’eau.

3. Procurez-vous une machine en mesure de ramasser les écrous, boulons et copeaux de bois (provenant des palettes). Consultez la liste des caractéristiques de la machine pour connaître la taille des éléments encombrants qu’elle peut traiter. Peut-elle saisir de gros débris pendant le nettoyage ?

4. Tenez toujours compte de la sécurité de l’opérateur et de la facilité d’utilisation. Laissez votre fournisseur vous faire une démonstration des caractéristiques pertinentes et demandez si votre personnel peut essayer la machine pour voir s’il pourra se familiariser rapidement avec son fonctionnement.

Sources: Modern Materials Handling, Warehouse Forum, Logistiek

*Voir https://eurekapub.fr/productivity/2014/06/14/high-productivity-starts-at-the-bottom

**Voir https://eurekapub.fr/santhttps://eurekapub.eu/health-safety/2020/01/17/danger-in-the-air