Du danger dans l’air

Comment protéger le personnel des entrepôts contre la nocivité des poussières

La poussière des entrepôts n’augure rien de bon pour les travailleurs, les machines et l’entreprise. Mark Nicholson nous rappelle les dangers et solutions associés aux poussières, avec les conseils d’une grande pointure dans le domaine de la lutte contre les poussières.

« Comparés aux usines, où les nettoyeurs sont parfois confrontés à d’épaisses couches de matériaux déversés, les entrepôts sont habituellement relativement propres, explique Anh-Tai Vuong, Président de DuroVac©, spécialiste de l’aspiration en milieux industriels. Quoi qu’il en soit, la poussière s’accumule presque partout et nous aurions tort de la considérer comme inoffensive. »

D’où vient-elle et pourquoi constitue-t-elle un problème ?

La poussière, le sable, le gravier et même la terre des champs profitent de l’ouverture des portes pour entrer dans les locaux. Les matériaux des pneus et des plaquettes de frein s’usent et se détachent des roues des chariots élévateurs. Le frottement, le fendillement des matériaux durs, comme le béton, libèrent des minéraux et notamment de la silice cristalline, qui présente un risque connu pour la santé. Les travaux de découpe, de broyage et de ponçage des opérations de construction et de maintenance des entrepôts, produisent du métal et des poussières minérales. La majeure partie de la poussière des entrepôts provient probablement du carton des emballages et du bois des caisses et palettes.

Les déplacements de chariots élévateurs, de personnel et les procédés industriels provoquent des tourbillons de poussières aéroportées. Certaines entreprises les propagent même en les chassant des équipements en recourant à l’air comprimé, pratique qui selon DuroVac, est particulièrement mal vue dans le contexte d’opérations produisant des poussières combustibles.

Certes la santé de votre personnel, qui est votre actif le plus précieux, doit être votre préoccupation prioritaire par rapport aux poussières. Il existe cependant d’autres bonnes raisons d’entretenir la propreté de votre entrepôt. Les produits, les emballages sales et contaminés donnent mauvaise impression et risquent d’être négligés. La poussière peut créer un risque de glissade pour les véhicules et le personnel. D’autre part elle provoque la détérioration des machines de l’entrepôt, dont les chariots élévateurs, en pénétrant dans les carters et en usant les pièces par abrasion. Et c’est pire pour les engins diesel et gaz. Leurs moteurs peuvent être contaminés par les poussières, qui polluent également l’admission d’air et l’huile censée les protéger. Un fabricant comme Cat® Lift Trucks peut installer un kit adapté pour lutter contre les poussières et mieux protéger le chariot élévateur, mais comment protégez-vous votre personnel ?

Coût des poussières en termes de vies et de santé humaines

Anh-Tai Vuong résume les effets les plus préoccupants de la poussière sur le corps humain. « Les plus grosses particules de poussières ont tendance à se faire emprisonner par le nez ou le mucus des voies respiratoires, mais les particules plus fines peuvent passer outre les moyens de défense naturelle de notre corps. Elles peuvent finir dans nos poumons, voire même pénétrer dans notre système sanguin. L’exposition prolongée provoque souvent des troubles respiratoires, comme la bronchite, l’emphysème, d’autres formes de bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) et certains cancers. »

La BPCO est une maladie invalidante qui change la vie. C’est aussi l’une des plus grandes causes de décès dans le monde. Le nombre de personnes atteintes dans le monde entier est difficile à mesurer, mais les estimations publiées dépassent parfois les 300 millions d’individus, sans compter les nombreux cas non diagnostiqués. Un travailleur souffrant de cette pathologie a du mal à respirer. Il est moins productif. Il devra se mettre en arrêt de travail régulièrement, être hospitalisé quand les symptômes sont aggravés par un rhume, une grippe. Par ailleurs, les effets moins graves de la poussière, comme la dermatite, les réactions allergiques et l’irritation des yeux, du nez, de la gorge, peuvent aussi coûter des heures de travail perdu.

Solutions de lutte contre les poussières

Systèmes d’aspiration

Dans les bâtiments de taille conséquente, DuroVac recommande l’installation de systèmes d’aspiration centralisés, à haut rendement. La tuyauterie et les tuyaux flexibles partant d’une seule unité d’aspiration pour atteindre toutes les zones du local, plusieurs employés en bénéficient simultanément. Les systèmes les plus puissants peuvent éliminer des milliers de kilos de poussières par heure. Divers embouts peuvent être reliés aux tuyaux, pour atteindre et nettoyer différentes surfaces. Il s’agit notamment d’outils adaptés, de brosses et d’accessoires de nettoyage de tuyaux de différentes formes, tailles et longueurs.

« Pour les entrepôts de plus petite taille, nous proposons des systèmes d’aspiration portables, industriels, dont la grande capacité d’aspiration permet d’éliminer l’accumulation de poussières importantes. Ils sont tout aussi valables pour ramasser les fibres plus lourdes, ajoute le Président. Le marché de l’aspirateur portable offre une large gamme, sachant que la capacité de nettoyage des poussières diminue proportionnellement en fonction de la taille de l’appareil. Le choix doit donc se porter sur un appareil rentable compte tenu des dimensions des locaux, sans oublier qu’une machine plus puissante permet d’économiser du temps de nettoyage et réduit le coût de la main-d’œuvre. Cherchez également un appareil à puissance d’aspiration constante, dont l’efficacité ne sera pas réduite au fur et à mesure du remplissage du sac ou du colmatage du filtre. »

Tout aussi important, le type de matériau à traiter doit être pris en compte. « Un système spécifiquement conçu pour éliminer les particules ultra fines et les poudres lourdes, par exemple, n’a rien à voir avec un système conçu pour traiter principalement les matériaux modérément denses ou légers. La taille et le type de particules a aussi une incidence sur le choix du filtre. Les filtres sont classés selon leur efficacité de filtration, exprimée sous forme de pourcentage de particules d’une taille spécifique pouvant être piégées. Une efficacité de filtration de 99 % jusqu’à 1,0 micron suffit souvent. Si toutefois la poussière contient effectivement des toxines, nous préconisons le recours à un filtre HEPA (filtre à air à très haute efficacité), capable d’éliminer 99,97 % des particules jusqu’à 0,3 micron. »

Épurateurs d’air

Les systèmes d’extraction et de filtration peuvent servir à aspirer de l’air dans des unités placées en hauteur, chargées de piéger les particules aéroportées et de recycler l’air propre. « Ces systèmes, couramment appelés « dépoussiéreurs » dans notre industrie, sont à utiliser parallèlement aux systèmes d’aspiration. Alors que les aspirateurs éliminent périodiquement les poussières se collant aux surfaces, avant qu’elles ne soient brassées et perturbées, les épurateurs d’air fonctionnent constamment pour capturer les contaminants qui circulent déjà. Ils contribuent également à la dilution de la concentration des substances qui s’accumulent à un endroit en particulier. »

Les technologies de filtration des épurateurs d’air peuvent être sélectionnées en fonction des types de poussières ou d’autres polluants présents à l’endroit concerné. Une autre méthode d’assainissement de l’air consiste à faire appel à un système de ventilation, par lequel des ventilateurs d’extraction aspirent l’air dans des conduites. Les poussières sont alors collectées dans des sacs ou filtres à l’autre extrémité des conduites. L’air aspiré est évacué dehors. Autre variante de ce type de systèmes, valable pour les procédés produisant des poussières et des émanations, la ventilation par aspiration localisée fait appel à des hottes aspirantes pour éliminer la pollution au point d’origine.

Systèmes de brumisation

La fine brume produite par les systèmes de brumisation se mélange aux particules de poussière et les alourdit suffisamment pour qu’elles tombent au sol. L’effet est obtenu sans tremper d’eau l’entrepôt et ses marchandises. Bien qu’il s’agisse d’une méthode très efficace, surtout dans les locaux produisant de fortes concentrations de poussières aéroportées, DuroVac n’en préconise pas l’utilisation généralisée. « Sauf dans de rares cas où le problème vient de poussières extrêmement combustibles, nous préférons utiliser des solutions plus respectueuses de l’environnement. En effet, la brumisation consomme beaucoup d’énergie et d’eau. »

Cloisons de séparation

Dans le cadre d’une stratégie globale de maîtrise des poussières, les cloisons de séparation ou rideaux peuvent servir à éviter que les poussières ne se propagent d’un endroit à un autre. En confinant un matériau ou procédé poussiéreux de cette manière, l’aspiration devient à la fois plus concentrée et plus efficace. Les fournisseurs de solutions de séparation par cloisons permanentes ou provisoires ne manquent pas. Explication d’Anh-Tai Vuong : « les rideaux de séparation sont particulièrement adaptables, puisqu’ils peuvent être facilement fermés pendant les périodes de production de poussières, ou dans le cadre de mesures de traitement d’un incident de contamination. Il suffit de les rouvrir quand ils n’ont plus de raison d’être fermés. »

Autres mesures

Il ajoute : « lorsque l’éventualité de dangereuses concentrations de poussières est réelle, envisagez d’installer des capteurs de surveillance de l’air pour surveiller et déclencher une alarme en cas de dépassement des seuils de risque. Sur certains lieux de travail, la poussière est inévitable, même après que toutes les mesures raisonnables aient été prises pour l’éliminer. Dans ces cas de figure, les employeurs doivent munir leur personnel des équipements de protection individuelle (EPI) nécessaires. Ils doivent aussi expliquer clairement les dangers et les protocoles de sécurité relatifs à toutes les poussières possibles. »