Étude de cas

L’utilisation des trajets retour dynamise l’efficacité de la logistique

Profiter des transports retours

Le backhauling (utilisation des camions lors de leur trajet retour à vide) se heurte à de nombreux obstacles, notamment celui de la valorisation de la marque et de la collaboration avec votre principal concurrent. Pourtant, il existe de nombreuses possibilités de réduire les coûts de chaîne logistique et d’émissions de carbone si ces obstacles peuvent être franchis.

Gay Sutton découvre comment les plus grandes entreprises réalisent ces économies et gèrent leurs difficultés.

Les chiffres officiels sont souvent déprimants. Mais ils indiquent des possibilités importantes d’amélioration. Selon Mike Bernon, président du forum de logistique inversée CILT, le taux moyen d’utilisation des véhicules, dans l’ensemble de l’industrie, reste au-dessous de 50 %, bien que certains secteurs obtiennent de bien meilleurs chiffres. De plus, le ministère britannique des Transports indique que, chiffre étonnant, 25 % des opérations de transport routier font un trajet retour à vide.

Ceux qui obtiennent de meilleurs résultats transportent pour la plupart des emballages à recycler ou des palettes et cages vides qui seront regarnies au prochain voyage aller. Il suffit donc d’optimiser le transport lors du trajet retour – charger le véhicule de marchandises lors de son trajet retour, afin de réduire le coût de la logistique et de diminuer les émissions de carbone. Que faire pour mettre cette théorie en pratique ? Et que pouvons-nous apprendre des entreprises qui traitent bien cette question ?

“The UK Department of Transport indicates that an astonishing 25% of road transport operations make the return journey empty.”

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Les 3PL doivent convaincre les entreprises de travailler avec des concurrents pour établir des accords de retour. Img: Tradeteam

Par le passé, la majorité des trajets retour étaient effectués par des prestataires de logistique tiers. Mandatés pour transporter des marchandises pour diverses entreprises, ils ont dû réduire leurs coûts et leurs émissions de carbone, tout en élargissant la variété des trajets et des produits transportés.

« Très souvent, explique Bernon, leur flotte est réservée à certains contrats, si bien que des véhicules reviennent à vide. Si leur contrat le leur permettait, les véhicules ramèneraient des marchandises lors de leur trajet retour. »

Les 3PL (prestataires de logistique) montrent le chemin

Tradeteam, qui fait partie du groupe de logistique internationale DHL, est un 3PL spécialisé dans l’industrie des boissons, et livre les pubs et les grands centres de distribution pour les supermarchés. Cette entreprise a conçu un cadre opérationnel efficace afin d’exploiter les possibilités d’utilisation de trajet retour après avoir livré les supermarchés. « En faisant partie de DHL, nous avons la possibilité d’accéder aux données de DHL pour trouver des marchandises à ramener, explique Gavin Murdoch, directeur général de Tradeteam. Ainsi, nous cherchons parmi les autres contrats de DHL une possibilité de chargement pour les trajets retour. Si rien de logique ne correspond, nous cherchons auprès des sous-traitants. »

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Gavin Murdoch, directeur général de Tradeteam

« En faisant partie de DHL, nous avons la possibilité d’accéder aux données de DHL pour trouver des marchandises à ramener »

Les planificateurs de transport de Tradeteam identifient les entreprises de logistique et de transport routier avec lesquelles un partenariat pourrait être formé, puis gère ces partenariats. Ceci nécessite une bonne compréhension des flux du marché. « Cependant, avertit Gavin Murdoch, pour que ces types de partenariat réussissent, il faut leur consacrer beaucoup de travail. » Les deux parties doivent s’engager à se fournir mutuellement du travail et convenir d’un mécanisme pour faire coïncider dates et heures de flux dans les deux directions. Ensuite, elles peuvent garantir les coûts proposés pour le client du trajet aller et le client du trajet retour.

Développer un nouvel état d’esprit

« Cependant, l’un des gros problèmes auxquels les 3PL sont confrontés, explique le professeur Richard Wilding de Cranfield, c’est d’inciter les entreprises à accepter ces accords de trajet retour et à s’engager dans ce qu’elles appellent de la “co-concurrence” – coopérer avec un concurrent. » Deux entreprises ont réussi à surmonter les obstacles psychologiques bien ancrés liés à la collaboration avec des concurrents : Nestlé et United Biscuits. Ces deux entreprises se sont initialement rencontrées lors d’une séance de speed dating de l’IGD (Institut de la Distribution des Produits alimentaires), atelier organisé pour réunir des entreprises afin d’explorer les possibilités de partage des ressources de transport. Ayant découvert que leurs opérations et process de logistique se correspondaient bien, ces entreprises sont parvenues à la conclusion courageuse et peu orthodoxe qu’elles devaient collaborer en matière de logistique et réserver leur comportement concurrentiel aux supermarchés.

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Le parc Tradeteam. Image avec l’autorisation de Tradeteam.

« Cependant, l’un des gros problèmes auxquels les 3PL sont confrontés, c’est d’inciter les entreprises à accepter ces accords de trajet retour et à s’engager dans ce qu’elles appellent de la “co-concurrence” - coopérer avec un concurrent. »

Professor Richard Wilding of Cranfield

Petit à petit, elles ont éliminé les barrières qui les empêchaient de travailler ensemble et, en 2007, le premier camion United Biscuits a transporté un chargement de produits Nestlé entre l’usine Nestlé de York et son propre centre de distribution de Bardon. Cette collaboration, qui continue d’évoluer, permet d’économiser plus de 280 000 km de trajets et environ 95 000 litres de diesel par an.

Pratique recommandée du secteur de la vente au détail

De nombreuses chaînes de grands supermarchés trouvent également très pratique d’utiliser les transports de livraison pour s’approvisionner auprès de leurs propres fournisseurs lors du trajet retour vers le centre de distribution. Les camions sont bien sûr équipés selon les produits à transporter, et les entrepôts sont conformes aux normes d’hygiène et de sécurité opérationnelles rigoureuses de ces chaînes de supermarché. « L’approche que nous avons adoptée, explique Sainsbury’s, consiste à former un partenariat avec des fournisseurs en tant que transporteur et non en tant que partenariat supermarché / client. » Le côté achat supermarché de l’entreprise est donc entièrement séparé de l’offre transporteur. « Nos fournisseurs apprécient ce type de contrat. Nous proposons maintenant des devis qui rivalisent avec ceux d’autres transporteurs. »

« L’approche que nous avons adoptée, explique Sainsbury’s, consiste à former un partenariat avec des fournisseurs en tant que transporteur et non en tant que partenariat supermarché / client. »

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Tarun Patel, Directeur Logistique chez IGD.

Entre-temps, la chaîne européenne de supermarchés Tesco a mis au point un processus intelligent afin d’utiliser les trajets retour pour y placer les retours de marchandises. « Il y a cinq ans, nous avions des retours de produits renvoyés par 500 magasins. À présent, nous recevons les retours de produits renvoyés par plus de 2000 magasins, explique Ian Towell, directeur national des retours marchandises. Même les petits magasins tels que Tesco Express et Metro proposent un trajet retour local pratique pour les articles achetés sur Internet. Mais pour y parvenir, nous avons dû résoudre des difficultés de logistique inversée.

La solution de Tesco consiste à transporter en trajet retour les articles renvoyés en utilisant une chaîne de livraison existante de produits à température ambiante, et d’intégrer tous les process au système de gestion informatique de l’entreprise afin d’obtenir une réaction efficace et uniforme dans l’ensemble du groupe, puis d’effectuer la traçabilité des produits dans l’ensemble du réseau. Les produits renvoyés sont récupérés dans les magasins, dans une cage sécurisée. « Quand la cage est pleine, elle peut être renvoyée vers l’un de nos dépôts satellites sur la plupart de nos véhicules en trajet retour.

Cela peut se produire trois fois par semaine pour les grands magasins, et au moins une fois par mois pour les petits magasins. » Quand les dépôts satellites ont récupéré une charge complète de 45 cages, elles sont ensuite transportées jusqu’au centre de produits renvoyés de Saltley, à Birmingham, afin de limiter les mouvements de véhicules.

Pour que cela fonctionne

Aux entreprises qui cherchent à mieux utiliser leur espace véhicule vide, Wilding suggère de prendre le temps de construire de bonnes relations et de les intégrer dans les systèmes au lieu de simplement en discuter. Il existe des aides. Des associations industrielles comme l’IGD, qui collabore étroitement avec ses membres afin de promouvoir la logistique collaborative, sont de bonnes sources d’informations, de conseils et de soutien.

« IGD facilite Efficient Consumer Response UK (réactions consommateurs efficaces au Royaume-Uni), groupe inter-industries de professionnels des chaînes logistiques, explique Tarun Patel, directeur du service de chaînes logistiques d’IGD. Dans le cadre de leur groupe de travail consacré à la distribution pérenne, IGD a créé un guide de collaboration liée aux transports, qui comprend un processus en sept étapes permettant d’aider les organisations à utiliser leurs ressources de transport, en s’appuyant sur des pratiques recommandées par les commerces de détail et les marques de grande consommation. »

Les sept étapes d’IGD pour une collaboration efficace sur les trajets retour

1. Produire un résumé des trajets et des volumes
2. Identifier les trajets de collaboration potentielle avec le partenaire
3. Convenir de tarifs trajet par trajet
4. Se mettre d’accord sur des indicateurs de performance et un mécanisme de surveillance.
5. Faire un essai
6. Examiner l’essai
7. Mettre en oeuvre

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Typical Bachhauling example

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