Compétences et la formation

Une bombe à retardement démographique?

Par Ruari McCallion

Octobre 2010

Actuellement, un manque de compétences affecte les industries à travers l’Europe, mais pas de la façon dont on pourrait s’y attendre. La question est : comment les entreprises y font-elles face ?

Pendant les années 1980, les formations d’apprenti semblaient être passées de mode dans certains pays, notamment au Royaume-Uni. Il y avait des exceptions, par exemple en Allemagne, mais les pays et entreprises qui n’ont pas investi dans leur avenir ont commencé à en sentir vraiment les conséquences dans les années 1990. Le savoirfaire et les compétences étaient concentrés dans les tranches d’âge supérieures, qui commençaient à s’approcher de la retraite.

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Traditional skills and experience – still part of today’s workforce

Au Royaume-Uni des mesures désespérées ont été mises en place pour essayer de combler le manque. De nouveaux programmes d’apprentissage ont été créés, puis étendus. En 2008/9, environ 4,8 millions de personnes se trouvaient dans un cours ou une formation pour plus de 16 ans. En outre, l’État britannique a lancé des formations pour les plus de 25 ans qui avaient besoin d’acquérir de meilleures compétences. Les programmes de ce type sont loin d’être uniques en Europe.

Actuellement, les techniciens les plus âgés ont d’assez bonnes compétences, et cela depuis longtemps. Les jeunes ont des ensembles de compétences qui peuvent différer, mais qui pourraient mieux correspondre au monde moderne. Entre les deux, il y a un groupe qui n’est pas à la hauteur et qui est maintenant ciblé pour les formations sur le lieu de travail. Les différences sont tout à fait visibles, comme l’a observé le Dr Ugo Turchetti, directeur général de la concession italienne de Cat Lift Truck appelée Compagnia Generale Macchine SpA (CGM) :

« C’est l’un des principaux problèmes que les entreprises, et plus généralement la société, devront affronter au cours des prochaines années. »

« Les jeunes mécaniciens sont beaucoup plus aptes à s’occuper des toutes dernières générations de chariots »

Il n’est pas rare que les générations les plus mûres critiquent les manières, le comportement et le niveau de connaissances des jeunes. De nos jours, les commentateurs utilisent l’expression « nivellement par le bas » en prétendant que tout devient plus facile et, par extension, que les nouvelles générations n’ont ni les connaissances ni les compétences de leurs aînés. Ugo Turchetti n’est pas d’accord.

Remplacer l’ancien par du neuf ?

« Les nouvelles générations ont grandi parmi les outils électroniques, dit-il. Elles ont beaucoup plus l’habitude des équipements électroniques. Les jeunes mécaniciens sont beaucoup plus aptes à s’occuper des toutes dernières générations de chariots ; ils ont davantage l’habitude des ordinateurs qui sont nécessaires pour travailler sur les chariots. » Il maintient que les formations s’avèrent en réalité beaucoup plus nécessaires pour les techniciens les plus âgés. Cependant, ces formations apportent leurs propres problèmes, notamment la résistance au changement. La solution doit être une formation continue, en aidant même les techniciens les plus expérimentés à mettre à jour leurs compétences. Mais ce n’est pas facile.

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L’atelier de peinture régit encore le rythme de production

« Les jeunes prennent l’avantage grâce à leur capacité à apprendre plus rapidement. »

« C’est une modifi cation radicale et douloureuse de la mentalité des techniciens les plus âgés, explique-t-il. Cela nécessite beaucoup plus d’engagement et souvent entraîne stress et frustration. » La hiérarchie établie ou attendue est alors souvent modifiée.« Les techniciens les plus âgés peuvent se trouver dépassés par les jeunes en matière de qualité d’emploi, de carrière, de revenu et de statut social. C’est dur à accepter. » Toute société bien organisée aura mis en place des programmes de formation continue, mais ils ne répondent pas à tous les besoins, d’après Ugo Turchetti.

« La formation continue ne peut pas combler tous les manques, continue-t-il. Les jeunes prennent l’avantage grâce à leur capacité à apprendre plus rapidement. Les techniciens plus âgés se trouvent relégués à des emplois inférieurs, ce qui les fait descendre dans l’échelle sociale. » Dans les cas extrêmes, la formation continue pourrait être juste une façon de s’assurer que les techniciens les plus âgés continuent à être actifs dans le monde économique au lieu de perdre pied totalement. Les changements de profi ls d’emploi dans les villes européennes soulignent cet aspect, où les emplois qui nécessitaient de la force physique et des capacités manuelles sont remplacés par les industries de service. D’ailleurs, le changement ne se limite pas aux ateliers.

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Les compétences en électronique sont de plus en plus demandées

Changez ou disparaissez

« Les générations les plus anciennes de vendeurs, qui avaient l’habitude de travailler principalement par le biais de relations personnelles, ont du mal à devenir des consultants en manutention, experts dans le domaine, familiers avec l’utilisation des ordinateurs, ayant une bonne connaissance des contrats, réglementations, lois, coûts d’exploitation, etc., poursuit Turchetti. Dans l’industrie de la manutention, même les
caristes sont confrontés à des problèmes. Les jeunes sont beaucoup plus à l’aise dans les nouveaux chariots, car ils adoptent naturellement les systèmes de conduite tels que les joysticks. »

Cependant, si de nouvelles compétences sont nécessaires, il se peut qu’elles ne soient pas aussi répandues qu’on pourrait le souhaiter. Dans toute l’Europe, la fabrication et l’ingénierie ont un problème d’image. Le cliché des usines sombres où règne la misère, qui recrachent des masses d’ouvriers au visage gris en fin de journée, est tout à fait hors d’actualité, pourtant les emplois dans des bureaux, dans la fi nance, etc., semblent beaucoup plus attrayants, même après le quasi-effondrement du système bancaire. Il en résulte un manque de compétences essentielles dans la maind’oeuvre.

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Chariots élévateurs actuels: des assemblages complexes d’électronique

Rapidement, mais pas en douceur

« Les gens ayant des compétences dans certains domaines, comme l’utilisation de la robotique, sont très diffi ciles à trouver sur le marché, » explique Hans Wijnsma, coordinateur du Centre de Formation à Cat Lift Trucks Europe (CLTE). Ce Centre propose des formations continues aux employés de Cat Lift Trucks et, dans certains domaines, aux revendeurs et clients de Cat. « L’utilisation de la robotique est différente de l’artisanat. Il faut comprendre le processus entier, et non pas seulement sa propre spécialité. »

Le Centre CLTE a été créé en 1998. Son offre principale est la formation sur le terrain, à l’intention des ouvriers de production de la société. Elle couvre des disciplines telles que le soudage, la peinture industrielle et les technologies d’assemblage, toutes certifiées par l’État selon les normes reconnues. La préoccupation principale est la qualité. Ces formations ont lieu tout au long de l’année.

« En dehors des compétences de base, nous traitons d’autres domaines spécifi ques, tels que l’utilisation de la robotique, poursuit Hans Wijnsma. Nous formons les gens pour qu’ils aient une plus grande perspective, une vision générale du produit entier. La formation des opérateurs est une petite partie du programme ; elle concerne surtout l’utilisation du système, qui est un art en lui-même. C’est une tâche difficile à faire toute la journée. Nous recherchons toujours des façons d’améliorer la productivité et la qualité. » Les opérateurs Cat doivent s’assurer que ce qu’ils font avec leur système est 100 % correct quand ils atteignent l’étape suivante. « Nous proposons des façons de se former différentes de celles du passé, en insistant beaucoup plus sur la discipline elle-même. Il est diffi cile de trouver les bonnes personnes pour certaines disciplines, alors le Centre forme et éduque nos recrues. »

« Les jeunes prennent l’avantage grâce à leur capacité à apprendre plus rapidement. »

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L’école de formation de Cat Lift Truck.

Le système d’apprentissage sur Internet, catlifttrucksacademy.com, permet aux employés de se connecter de n’importe quel endroit équipé d’une connexion à Internet. Les modules portent sur divers sujets, de l’électronique et l’hydraulique de base aux bases de l’entreposage, en passant par les composants courants des chariots diesel autorail et la formation spécifi que sur les chariots élévateurs.

« Notre système d’apprentissage sur Internet a été créé pour les employés chargés des révisions, de la vente et des pièces détachées de nos revendeurs en Europe, Afrique et au Moyen-Orient, explique Hans Wijnsma. Le Directeur de l’Assistance Marketing (Jery Mom) décide qui a le droit d’obtenir l’accès et à quel niveau. » Le Programme d’excellence de production du Centre CLTE se concentre sur la fi abilité des temps de livraison et la qualité.

 

« Nous proposons des formations à nos clients, à nos fournisseurs et à d’autres entreprises ayant des besoins similaires, poursuit-il. Nous proposons des formations dans des domaines comme la simulation rationalisée et le 5S, lors d’un module de 16 heures réparties sur deux jours. »

Plusieurs revendeurs nous ont aussi rejoints, tels que Crepa, aux Pays-Bas, qui fournit une assistance sur les produits techniques pour aider les mécaniciens dans ce domaine. L’expérience reste un atout précieux, mais les générations les plus anciennes doivent s’adapter. Les deux dernières décennies ont démontré que le changement est permanent, c’est pourquoi les programmes de formation continue sont essentiels, que e soit dans l’entreprise ou en collaboration.

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